Chroniques

Cette jeunesse qui a tout vécu en 5 ans… Covid, séisme, conflits…

© D.R

Traversant ces années obscures il leur a fallu surmonter la douleur de perdre nombre de leurs aînés : grands-parents ou parents, douleur aggravée par l’impossibilité de les accompagner dans leur fin de vie et jusqu’à leurs obsèques…

Ils et elles sont nés dans les années 2000, ils ont aujourd’hui la vingtaine, or en quelques années ils ont vécu toute une série d’événements douloureux, voire dramatiques. Tout d’abord un virus qui leur a volé 2 ans de leur courte vie, alors adolescents ils ont dû vivre coupés de tout ce qui fait le sel de la jeunesse : les amis, les sorties, le sport, les rencontres, les vacances… et bien sûr au premier chef le confinement qui les a enfermés alors qu’ils étaient à l’âge des découvertes, que dire de leurs études faites de cours à distance, de solitude et du sentiment angoissant de ne pas savoir quand tout cela prendrait fin.

Traversant ces années obscures il leur a fallu surmonter la douleur de perdre nombre de leurs aînés : grands-parents ou parents, douleur aggravée par l’impossibilité de les accompagner dans leur fin de vie et jusqu’à leurs obsèques…

Cette dure épreuve terminée et alors que l’espoir de rattraper le temps perdu naissait, il leur a fallu affronter une guerre Russie/Ukraine, entraînant une inflation délirante restreignant encore plus leur niveau de vie et celui de leurs familles. Les loisirs déjà peu nombreux sont devenus encore un peu plus inaccessibles sans compter les transports, fournitures scolaires et habillement…

Là aussi une jeunesse sous le signe de l’austérité…

Alors que légitimement ils pouvaient espérer en des jours meilleurs et enfin s’épanouir -même si les conditions de l’épanouissement de notre jeunesse sont loin d’être toutes remplies- ils ont subi de plein fouet un terrible séisme bouleversant les codes de vie de fond en comble : des milliers de morts, de blessés, de sans-abri, des compatriotes des régions montagnardes dans le deuil et la souffrance et un immense sentiment de stupeur sourde et douloureuse.

Il est juste de dire que nos jeunes se sont d’ailleurs mobilisés comme jamais et se sont comportés comme de jeunes héros, bravant toutes les difficultés pour porter assistance à nos compatriotes terrassés par ce tremblement de terre.

Comme si ce bilan de leurs années les voyant passer de l’adolescence à l’âge adulte n’était pas suffisamment lourd, ils se retrouvent aujourd’hui confrontés à une autre guerre, Israël/Palestine, qui les touche profondément et les confronte de plein fouet à la folie des hommes, à la mort dans des conditions atroces et aux images horribles et sanglantes qui envahissent leur espace privilégié, celui des réseaux sociaux. Ils sont alors frappés dans leur propre identité : bien sûr parce que la cause palestinienne leur est chère, qu’elle leur tient sincèrement à cœur, mais aussi parce qu’ils étaient en train de découvrir l’autre part de l’identité marocaine qui est la partie juive.

Petit à petit ils apprenaient à découvrir leurs compatriotes de confession juive, à voir se révéler cette partie de leur histoire qu’ils méconnaissaient, à s’approprier une musique, un art culinaire, des fêtes, voire pour certains mêmes une langue… bref ils étaient dans une phase de découverte bienveillante et curieuse… que les amalgames mettent à mal. Soudainement ils sont pris en otage par la haine, la violence, la souffrance des populations et submergés par une colère qui les dépasse. Ils réagissent comme tous les jeunes confrontés à tant d’horreur…et alors que comme la jeunesse le veut, ils sont le plus souvent partisans et artisans de la paix, ils la voient s’éloigner sans savoir même s’il est possible de l’évoquer. Qui a dit que la jeunesse était l’âge de l’insouciance ?

Nos générations actuelles hélas risquent malheureusement d’être vieilles avant même que d’avoir été jeunes. La responsabilité qui nous incombe est écrasante, quel monde laisserons-nous à nos enfants et quels enfants laisserons-nous au monde ?…

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