Les jeunes sont en train de donner une tout autre tournure à la solidarité, bien loin de l’esprit de charité qui prévalait encore il y a une vingtaine d’années.
Notre jeunesse, si l’on prête attention à elle, est en train doucement de révolutionner nos mœurs, nos coutumes, notre quotidien.
Et contrairement à ce que certains craignent, elle ne le fait pas de façon négative, elle fait évoluer notre société avec les outils de l’époque, avec l’évolution des mentalités, ce qui nous permet en vérité de rester en phase avec le reste du monde.
Les jeunes d’aujourd’hui, qui n’ont pas connu l’ancien monde -celui d’avant Internet- font souffler le vent de l’innovation et de l’inventivité sur l’ensemble du pays, or ils sont «la masse», ils constituent la majorité et ont pour eux la force de leurs 20 ans.
Je le vois, je le vis au quotidien, bien sûr dans les domaines de la culture, des loisirs mais en fait dans tout ce qui est notre vie.
Je voudrais ici prendre un exemple d’action auquel je participe actuellement : une opération de solidarité menée par de jeunes acteurs associatifs à Casa, Essaouira, Marrakech, Rabat, Fès, Meknès, Mohammédia, Safi… appelée Abouab Ramadan.
Les jeunes sont précisément en train de donner une tout autre tournure à la solidarité. Bien loin de l’esprit de charité qui prévalait encore il y a une vingtaine d’années, et même si bien sûr des ONG, des mécènes, des bienfaiteurs contribuent de façon très active et discrète à la solidarité dans notre pays -et leur action est véritablement à saluer- les jeunes acteurs associatifs ont véritablement modifié le visage de la solidarité.
C’est une autre façon d’être solidaires qui s’est installée : joyeuse, colorée, mêlant action de terrain et culture, action de terrain et rôle des réseaux sociaux, action de terrain et communication nouvelle formule et, avouons-le, bien plus efficace.
Pour l’opération Abouab Ramadan ce sont tout d’abord des associations de jeunes de différents quartiers, de différentes villes, qui se sont connectées – elles se connaissent, ont l’habitude d’échanger et surtout ne se vivent pas comme «concurrentes» (et oui même dans le milieu associatif cela existe) mais au contraire se voient comme complémentaires.
Elles se sont donc, en amont, mises d’accord quant aux dates, au visuel et à la manière de collecter les denrées alimentaires : sur le terrain et en même temps via les réseaux sociaux.
Et les résultats sont étonnants, énormément de jeunes se mobilisent pour l’action, la collecte se fait grâce aux followers qui suivent ces jeunes sur les réseaux sociaux tout au long de l’année et en même temps dans la vraie vie auprès de commerçants ou de citoyens sensibles à la cause. La façon de procéder à la distribution elle-même est rénovée puisque chaque jeune est responsable de son quartier, de sa ville ou de sa commune rurale, ce qui a pour avantage immédiat de faire que tout se passe dans la proximité et ne laisse aucune place aux «faux nécessiteux», qui hélas sont nombreux.
Enfin la manière d’offrir les «kouffas» elle aussi innove, elle est en effet organisée pour protéger la dignité des bénéficiaires : ceux-ci sont prévenus à l’avance de la venue des jeunes qui déposent les kouffas sur le pas de leur porte et qu’ils n’ont plus ainsi qu’à récupérer.
D’où d’ailleurs le nom de Abouab Ramadan.
La communication après l’action est, quant à elle, également aux goûts et formes d’expression de ces jeunes de la génération Z, elle se fait à partir de vidéos, de photos postées sur les réseaux sociaux -Facebook bien sûr mais aussi Tik-Tok très en vogue chez les générations actuelles- et permet non seulement de créer une émulation chez les autres jeunes – l’envie pour eux aussi de s’impliquer et en même temps permet aux donateurs de constater que leurs contributions vont bien à leurs destinataires.
La jeunesse dépoussière bien des domaines, bien des sujets tout en restant fidèle aux valeurs de notre société, pour cela elle mérite sincèrement tout notre soutien et nos encouragements.
Tbarkallah aleihoum.