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Comment les Etats-Unis ont riposté à l’attaque de drone en Jordanie

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De hauts responsables politiques et officiels américains ont déclaré à plusieurs reprises que leur pays ne cherchait pas la guerre ou la confrontation militaire avec l’Iran.

Les Etats-Unis ont réagi à l’attaque d’une base militaire à la frontière jordano-syrienne qui a tué trois de leurs soldats et en a blessé une quarantaine. Les États-Unis ont déclaré avoir attaqué des cibles en Syrie et en Irak, frappant plus de 85 sites des Gardiens de la révolution iraniens et des formations associées.
La réponse a été conforme aux attentes de la plupart des experts. Ils s’attendaient à ce que l’administration Biden blâme l’Iran sans prendre de mesures de représailles directes. Il y a un calcul stratégique complexe derrière cela.
Il est intéressant de noter que les autorités iraniennes ont affirmé qu’il n’y avait pas de bases ou de casernes des Gardiens de la révolution en Syrie et en Irak. Nous pensons que cela signifie probablement que tous les sites bombardés appartiennent à des groupes loyaux à l’Iran, tels que les Forces de mobilisation populaire et les Brigades Fatimiyoun, mais qu’ils ne sont pas directement affiliés à l’Iran. Il convient également de noter que la partie américaine a confirmé que ces attaques ne sont que le début des mesures de représailles. Elles indiquent à l’Iran et à ses mandataires que les représailles sont en cours et qu’elles pourraient être intensifiées ou étendues.
Il s’agit d’une tentative de dissuader toute réponse aux attaques et de dissuader ces milices terroristes de mener d’autres attaques contre les bases américaines. Il a fallu plusieurs jours pour décider de la réponse américaine. Cela montre que l’on a pris suffisamment de temps pour examiner les différentes options.
Cela confirme également la sensibilité des Etats-Unis et le fait qu’ils ne peuvent pas se tromper dans leurs calculs, d’autant plus que l’atmosphère entre Washington et Téhéran est très tendue.
Certains aux Etats-Unis insistent sur une frappe militaire directe, ou dirigent leur colère contre Téhéran en termes clairs après que des soldats américains ont été tués et blessés, ou sur une politique de prudence ou des tentatives d’endiguement qui se sont poursuivies depuis l’entrée en fonction du président Biden mais qui n’ont pas donné de résultats clairs.
Le fait que les deux parties évitent une confrontation militaire directe contribue à réduire les tensions irano-américaines. Les déclarations et les positions iraniennes s’accordent sur le fait que Téhéran ne sera pas à l’origine d’une guerre.
Auparavant, des directives du Guide suprême Ali Khamenei ont été divulguées, selon lesquelles les dirigeants iraniens devraient s’en tenir à la stratégie de la patience stratégique aussi longtemps que possible. Le régime iranien n’est pas intéressé par une guerre directe tant qu’il atteint ses principaux objectifs par l’intermédiaire de ses mandataires qui affrontent Israël et les Etats-Unis sur de multiples fronts.
Dans le même ordre d’idées, le New York Times a rapporté que le Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran a tenu une réunion d’urgence pour discuter de la situation régionale. Lors de cette réunion, Khamenei a donné des instructions pour «éviter une guerre directe avec les Etats-Unis et éloigner l’Iran des groupes qui ont récemment tué des Américains dans la région».
«Le journal rapporte que l’Iran se prépare à riposter si les Etats-Unis frappent à leur tour. Toutes les forces armées et les systèmes de défense aérienne ont été mis en état d’alerte. Des missiles balistiques ont été déployés le long de la frontière avec l’Irak.
La partie américaine a poursuivi une stratégie gradualiste pour atténuer la colère à l’intérieur du pays et ne pas interférer dans les décisions qui pourraient conduire à une guerre contre l’Iran. Elle a tenté de faire savoir à l’Iran, directement et indirectement, qu’elle n’était pas intéressée par un conflit militaire avec ce pays.
De hauts responsables politiques et officiels américains ont déclaré à plusieurs reprises que leur pays ne cherchait pas la guerre ou la confrontation militaire avec l’Iran.
En outre, un plan de réponse progressive a été adopté à plusieurs niveaux sur une longue période, comme l’a confirmé le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken. Ce qui est certain, c’est que l’option d’une guerre directe est hors de question pour les décideurs de Washington et de Téhéran, pour des raisons liées aux intérêts des dirigeants des deux pays. Le régime iranien craint une frappe militaire qui ébranlerait son image et son statut et aurait la possibilité de déclencher un chaos et des troubles internes qui pourraient ouvrir la voie à la chute du régime. La priorité et les options restent donc d’éloigner le spectre d’une confrontation directe avec les Etats-Unis, en supposant que l’objectif soit de préserver la stabilité et la pérennité du régime iranien.
La partie américaine semble être dans une position plus délicate, tant en ce qui concerne les inquiétudes sur l’expansion d’un conflit régional au Moyen-Orient et les conséquences négatives qui en résulteraient pour les intérêts stratégiques américains et pour la sécurité d’Israël, premier allié de Washington dans la région et dans le monde, sans parler de l’impact d’un tel conflit potentiel sur les élections présidentielles américaines et, en particulier, sur les chances du président Biden de remporter un second mandat. La réponse militaire a donc été un signal clair de la volonté de Washington de ne pas élargir le cercle des conflits.
La crise déclenchée par l’attaque de drone contre les troupes américaines va cependant plus loin que les conséquences évidentes. Les attaques ciblées sont un maillon de la chaîne d’affaiblissement de l’influence américaine et de la capacité de dissuasion des Etats-Unis. Cela se traduit par l’effronterie des attaques des milices terroristes fidèles à l’Iran.
A cela s’ajoutent l’atteinte à la réputation des armes américaines, l’incapacité à repousser une attaque de drone soutenue par l’Iran contre la base américaine et la défaillance des systèmes de défense antiaérienne. Cela remet en question l’efficacité de ces systèmes, en particulier au Moyen-Orient et dans la région du Golfe, où la plus grande menace pour la sécurité de nombreux pays de la région provient des capacités militaires croissantes de l’Iran.

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