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Coupe du monde de football : Une aubaine à saisir

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Diplomatie du sport ou guerre d’influence ?

Parmi les principaux instruments de politique étrangère des Etats, la diplomatie du sport s’agence, de nos jours, dans une place magistrale, surtout qu’elle apporte des bienfaits à l’économie, à la société, à la santé, à l’éducation, au tourisme, à la paix ou encore au dialogue interculturel et interreligieux.
Certes, en période de crise sanitaire, la fermeture des frontières et la distanciation sociale avaient généré la suspension de compétitions internationales, limitant la marge de manœuvre des pays, pour recourir à cette forme féerique de diplomatie. Aujourd’hui, la forte diminution de la circulation du coronavirus et sa faible virulence font revivre le sport et égaient le public et les supporters, jusque-là privés de rejoindre les stades, pour soutenir leurs équipes favorites, principalement nationales, dans le cadre de championnats continentaux, régionaux ou mondiaux.

La diplomatie footballistique : Une clef passe-partout

Le sport, en tant que composante majeure dans le nouveau modèle de développement, représente l’un des piliers fondamentaux de la politique économique et sociale du Royaume du Maroc.
Dans cette perspective, la diplomatie du football apporte énormément, grâce à la vision clairvoyante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu Le protège, qui veille, personnellement, au rayonnement du pays sur la scène sportive internationale.
Récemment, suite à la qualification des Lions de l’Atlas à la Coupe du monde 2022, après avoir, somptueusement, remporté le match retour contre l’équipe congolaise, l’Auguste Souverain a, après le coup de sifflet final, félicité, illico presto, dans un entretien téléphonique, le ministre délégué chargé du budget et président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaa, ainsi que l’entraîneur (Vahid Halilhodžić) et le capitaine de l’équipe nationale (Romain Saïss).
Ce qui illustre toute l’importance accordée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, à ce sport collectif, né au milieu du XIXe siècle en Grande-Bretagne et qui est vite devenu le plus populaire au monde.

Dans ce sillage, le Maroc a vite inscrit le football comme levier d’influence et de lobbying, pour le timbrage de son leadership africain et international, en :
– manifestant, à maintes reprises, avec persistance et sans relâche, son grand intérêt, pour accueillir la Coupe du monde de football, sachant que sa candidature pour l’année 2030 mériterait, amplement, d’être retenue.
– s’annonçant comme une terre de repli du football africain, après avoir hébergé bon nombre de matchs de sélections subsahariennes privées, temporairement, de leurs stades.
– s’engageant à financer la construction de plusieurs stades pour des pays africains.
– émettant des recommandations et des propositions, de nature à améliorer la pratique du ballon rond en Afrique.
Enfin, si Nasser Bourita s’active, avec grande finesse, pour appliquer, habilement et à la lettre, les Orientations Royales en matière de politique étrangère, nous retrouvons un autre artiste aussi brillant, à savoir Fouzi Lekjaa qui s’engage, fougueusement, pour hisser au plus haut niveau le football marocain et l’image de marque du pays, sur les plans sportif, diplomatique, culturel et touristique.

Premier marocain au conseil de la Fédération internationale de football association (FIFA) lors des élections de l’assemblée générale ordinaire de la Confédération africaine de football (CAF), président de la Commission des finances de l’instance dirigeante du football africain, membre du conseil de l’Union des associations arabes de football, le président de la FRMF a compris, dès son arrivée en 2014, qu’il ne suffit pas de se doter d’une belle équipe nationale, mais de mener, parallèlement, une fulgurante diplomatie footballistique.
On retiendra qu’il ne cesse de multiplier les partenariats sportifs avec nombreuses fédérations du continent, qu’il a été, dans le cadre de l’exécution de la vision stratégique de notre Majestueux Monarque, le principal maître d’ouvrage dans :
– l’édification du Complexe Mohammed VI à Salé, inauguré en 2019 et qui est doté d’une superficie de 30 hectares, avec une importante capacité d’accueil, estimée à 480 jeunes footballeurs.
– le lancement du projet de création d’un Musée national du football, au Complexe Mohammed VI à Maâmora, à l’effet de mettre en exergue, à travers l’exposition de photographies, d’images et d’objets footballistiques, l’histoire du football national.
Dans une autre perspective, il a participé à un important amendement au niveau de la CAF, pour rejeter, catégoriquement, l’intégration de la pseudo RASD à cette instance africaine.
Aujourd’hui, l’équipe nationale de football est attendue à la 22e édition de la Coupe du monde qui aura lieu au Qatar, du 21 novembre au 18 décembre 2022, ce qui permettrait à notre pays de hisser son drapeau et d’être présent sur la carte du monde.
Mais ce serait surtout une opportunité à saisir par le président de la FRMF, pour faire briller davantage l’image, le prestige et la notoriété du pays sur la scène diplomatique internationale.
A cet égard, il serait donc vivement recommandé qu’une stratégie de rayonnement par le soft power, en partenariat entre la FRMF et le gouvernement, soit, incessamment, définie et mise en œuvre, pour l’atteinte d’objectifs à portées stratégiques, favorables à notre pays, à multiples égards: diplomatique, économique, touristique, sportif et culturel.

La diplomatie sportive, un vecteur de développement économique et touristique

Le Maroc se distingue à l’échelle internationale par ses potentialités naturelles (déserts, forêts, montagnes, mers, lagunes et oasis), ses centres et ses équipements sportifs, largement conformes aux standards internationaux, ses grandes capacités hôtelières, ses infrastructures de transport variées et développées, sa proximité géographique, sa stabilité politique et sa garantie sécuritaire.
Ce qui permet au Royaume d’accueillir des manifestations internationales de grande envergure, pour ne citer que quelques-unes : le Trophée Hassan II de golf à Rabat, le Grand Prix Hassan II pour le tennis, le circuit international Morocco Royal Tour de saut d’obstacles, le marathon de Marrakech, le championnat du monde de kitesurf à Dakhla ou encore le championnat du monde seniors des sports boules à Casablanca.
D’indéniables atouts qui favorisent le développement économique et touristique du pays.

La diplomatie du sport appelée à servir les intérêts africains

Il est inconcevable de relever que seulement cinq pays africains sont sélectionnés au niveau de la Coupe du monde, alors qu’aujourd’hui l’on retrouve dans les championnats européens des joueurs de renom, d’origine et de nationalité africaines.
«Il est grand temps de discuter des qualifications en zone Afrique : inadmissible de n’avoir que cinq places pour une si grande confédération ! Et avec des Nations très compétitives désormais…», a récemment déclaré, en marge du tirage de la Coupe du monde 2022, Ricardo Faty, un footballeur international sénégalais.
En effet, si l’on procède à un simple calcul arithmétique, la probabilité de retrouver des pays africains dans le carré d’or de la Coupe du monde est très faible, en raison d’une participation réduite, limitée à cinq équipes africaines, alors que les Européens se voient offrir treize places. Il en est également de l’élection du président de la FIFA, dont le processus de vote verse dans le système «un pays, une voix», ce qui manque, une fois de plus, d’équité, pour la simple raison que les Européens, en nombre avantageux, veilleront à placer, incontestablement, l’un des leurs.
Dans l’histoire de la FIFA, parmi les neuf présidents, huit sont européens, ayant comptabilisé, à date d’aujourd’hui, 93 ans de direction. Il est donc grand temps pour la CAF, l’Union africaine et les pays africains de faire pression sur la FIFA, pour que le nombre de participants à la Coupe du monde de football soit partagé de manière proportionnelle et équitable entre les continents.

Par Yassir Lahrach (*)

Docteur en droit/Expert
en intelligence économique Analyste en stratégie internationale/Auteur du concept d’intelligence diplomatique

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