Chroniques

De quoi le second mandat de Tebboune sera le nom

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Le régime algérien qu’incarne Tebboune inscrit sa vision et son action dans une relation de défi permanent avec son voisinage, comme le montre sa rupture structurelle avec le Maroc, ses tensions dangereuses avec le Mali ou la Libye, ses relations de chantages et de menaces avec la Mauritanie et la Tunisie.

 

Le 7 septembre prochain, le président candidat Abdel-Majid Tebboune sera prolongé pour un second mandat. Aucune once de suspense ou de surprise ne caractérise ce scrutin. Il s’agit d’une mise en scène avec deux candidats lièvres pour faire joli sur la photo électorale et un chauffeur de salle en la personne de Abdelkader Bengrina pour faire illusion.
Il est vraie que vues de loin, les pitreries de Bengrina, hilare en train de jouer dans un parc d’enfants, déguisé en clown en train de distribuer des tacts dans un bus de voyageurs, haranguer les foules endormies pour voter Tebboune, peuvent donner l’impression qu’un semblant de campagne est à l’oeuvre. Ces pitreries ne parviennent pas à cacher le vide sidéral de cette campagne où ceux qui se déplaceront aux urnes n’auront le choix que de voter Tebboune, présenté par l’ensemble du système celui qui est capable d’en assurer la permanence.

Tebboune lui même s’est arrangé pour donner à sa campagne un parfum de scandale international avec une large dose de comique involontaire. Connu pour exercer un art consommé de l’exagération, le président algérien avait continue de nourrir la rubrique sarcastique des réseaux sociaux. La première quand, entonnant un chant guerrier, il reproche à l’Egypte de ne pas lui avoir ouvert ses frontières avec Gaza pour envoyer son armée… construire des hôpitaux alors que tout dans sa tonalité suggérait une stratégie guerrière pour défendre Gaza. La seconde fois fut lorsque, franchissant le mur du son, il affirma sans rire que l’économie algérienne était troisième mondiale, juste derrière les États-Unis d’Amérique et la Chine. Et la troisième fois fut lorsque, évoquant son programme économique, il lance qu’il contient huit mille cinq cents projets d’investissement qui vont créer à terme trois cent emplois.

Durant cette campagne courte et estivale, Tebboune et son bras droit électoral Bengrina auront surtout brillé par des excès, des exagérations, des mensonges, des dénis de réalité qui ont donné au populisme et à la démagogie un niveau rarement atteint. Le Maroc était évidement très présent dans cette campagne. Tebboune et Bengrina se croient à chaque fois obligés de mettre en valeur le soutien du régime algérien au Front Polisario. Alors que les enjeux de cette campagne n’ont aucun lien avec cette crise, Tebboune se croit dans l’obligation de caresser l’institution militaire algérienne dans le sens du poil. Il est vrai que cette armée n’a qu’une seule occupation, celle de fournir aux séparatistes du Polisario aide et assistance dans le seul but d’affaiblir le Maroc ou du moins de tenter d’user son énergie.

Les charges contre le Maroc sont devenues la rubrique obligatoire de cette campagne électorale comme l’a illustré l’affaire Mehdi Ghezzar, porte-parole de la campagne de Tebboune en France, dont les infâmantes attaques contre le Maroc interviennent dans un contexte électoral algérien rageur qui tient absolument à faire du Maroc une menace vitale pour les Algériens. De quoi donc ce second mandat de Tebboune, présenté par l’opposition comme le sixième de l’ère de Bouteflika, sera-t-il le nom ? Certainement pas d’une phase d’apaisement et de construction positive. Le régime algérien qu’incarne Tebboune inscrit sa vision et son action dans une relation de défi permanent avec son voisinage, comme le montre sa rupture structurelle avec le Maroc, ses tensions dangereuses avec le Mali ou la Libye, ses relations de chantages et de menaces avec la Mauritanie et la Tunisie.

Si on rajoute à ce tableau la dégradation de ses relations avec des espaces influents dans les relations internationales comme les pays du Golfe, les pays de l’Union européenne ou la Russie, le régime d’Alger est sur le point de verrouiller son isolement régional et international. Cette campagne électorale avait produit de nombreux messages selon lesquels le réalisme politique en Algérie n’est pas pour demain et qu’il va falloir continuer à composer avec un régime pyromane qui fait de la tension et des provocations son carburant pour continuer à exister.
Pour les Marocains qui aspirent à avoir une relation normale, apaisée avec leurs voisins algériens, cette campagne a montré que cet espoir est reporté aux calendes grecques, certainement après la sortie d’un homme comme Tebboune de la scène politique algérienne.

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