Chroniques

De toutes les couleurs : Belle aquarelle

© D.R

Encore mal aimée au Maroc, la peinture aquarelle fait le bonheur des amateurs d’art et de créativité dans beaucoup d’autres pays. C’est vrai que c’est tout le support papier qui a encore du mal à percer chez-nous. Sans entrer dans les détails des types de papiers et de pigments à utiliser, j’aimerais vous parler du plaisir mais aussi des difficultés propres à l’aquarelle. Il y en a qui en font toute une carrière. D’autres un passe-temps. Personnellement, elle me repose quand l’acrylique et l’huile me montent à la tête. Et puis elle est beaucoup plus propre et nécessite très peu d’espace et de matériel. Juste de l’eau, du papier, des pigments et quelques pinceaux. On peut la pratiquer dans son salon, dans un aéroport, un hôtel ou même dans un bureau de profession libérale entre deux clients !
«L’aquarelle est la première et la dernière chose qu’un artiste fait», a dit Willem de Kooning (un contemporain et ami de Jackson Pollock comme vous pouvez le voir dans le film Pollock). Alors qu’en dessin, en peinture acrylique ou à l’huile, le trait est définitif, l’aquarelle défie les traits. L’eau chargée de pigments se promène sur le papier de manière presque incontrôlable, un peu folle, imprévisible. L’eau ne reconnaît pas les frontières, son écoulement parfois sensuel les arrondit, les rend moins violentes. L’eau porte les pigments et les fait danser. Une performance, du théâtre ! Comme chez les humains, c’est l’eau qui donne la vie à une aquarelle.
Et l’artiste a son mot à dire ! Sans empêcher la peinture de se balader librement, il obtient ce qu’il veut en trouvant des compromis –un peu de contrôle et un peu liberté. L’artiste devient équilibriste. Inclinant le papier à droite puis à gauche, sachant que chaque geste va être définitivement enregistré -l’eau mêlée aux pigments se souvient de l’empreinte de chaque geste du peintre. Cela en fait le medium parfait pour l’expression libre et spontanée. Un doux sentiment de fuite et de liberté. Les pigments se heurtent, s’enchevêtrent, se superposent. De cette dispersion presque autonome des pigments, peuvent naître de très belles textures, des effets souvent inattendus et une fraîcheur chromatique particulière.
Cependant, l’aquarelle ne vous donne qu’une seule chance ! Pas de droit à l’erreur. Un peu comme la vie, il faut être extrêmement chanceux pour pouvoir rattraper une erreur.
Comme l’aquarelle est transparente (un aspect unique à cette peinture), quand une erreur est commise, c’est généralement trop tard pour la corriger. Aux diverses difficultés que peut poser l’aquarelle, chaque artiste trouve des solutions différentes. Une technique très exigeante, réussie par des gens exigeants -ce n’est pas en cherchant toujours la facilité que l’on avance dans la vie ! L’aquarelle nécessite donc beaucoup d’attention et un dévouement total, et dès qu’on commence à la maîtriser, on succombe fatalement à son charme.

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