Chroniques

De toutes les couleurs : critiques et écrivains d’art

En plus d’un catalogue en bonne et due forme, l’artiste-plasticien professionnel prépare aussi un dossier de presse pour montrer à quel point son travail suscite de l’intérêt. Plus son travail est intéressant, plus le dossier de presse est épais. Donc, tout artiste qui se respecte a besoin de faire l’objet d’articles de presse ou de critiques artistiques.
Au Maroc, il y a très peu de critiques d’art. Et pour ne parler que d’arts plastiques, il y a tout au plus une demi-douzaine de critiques d’art pour un millier d’artistes. Donc, pour essayer de tendre vers un équilibre entre le besoin en critique et l’offre existante, d’autres gens qui s’intéressent et aiment l’art écrivent des textes où ils donnent leurs avis sur des œuvres et des artistes. Ces gens qui écrivent sur l’art, sans être des critiques d’art proprement formés pour cette tâche, ne fonctionnent pas de la même manière. Leur perception de l’art et des artistes est différente.
Théoriquement, la critique d’art est l’«art» de juger les œuvres et les créations de l’esprit humain. Le critique d’art analyse l’œuvre dans sa globalité, ne négligeant rien jusqu’au contexte de sa création. Il la compare à d’autres, la situe dans le temps et l’importance par rapport aux autres, mesure son degré d’intérêt, ses points forts et ses faiblesses. Il s’intéresse de près à l’artiste lui-même pour pouvoir étudier la relation entre ce dernier et son œuvre. Le résultat est variable. Le critique d’art peut attribuer des propos élogieux comme il peut, tout aussi bien, se rendre compte que l’œuvre manque d’intérêt, de force ou de caractère et proposer une critique dure ou négative qui désavantage l’artiste. De grands artistes européens sont parfois «lynchés» par des critiques d’art !
Le critique d’art permet aussi aux gens qui souhaitent asseoir leur nouveau statut par l’acquisition d’œuvres d’art, de trouver de l’information pour se forger une opinion. Il agit ainsi comme «guide du goût du public».A côté des critiques d’art de métier, il y a ceux que j’ai envie d’appeler « écrivains d’art ». Des gens qui aiment parler d’art. Je me classerais moi-même dans cette catégorie. Celle des gens qui donnent leur avis sur les œuvres et les artistes sans pour autant s’appuyer sur des études ou des analyses objectives et rigoureuses. Alors comme moi, les écrivains d’art ne parlent que des artistes dont ils apprécient la créativité. Ils écrivent beaucoup plus rarement que les critiques d’art, et quand ils parlent d’une œuvre c’est souvent pour en dire du bien. Du coup, c’est nécessairement élogieux !
Voilà, il fallait indiquer cette petite nuance pour permettre aux gens de faire désormais la différence entre un critique d’art et un « écrivain d’art ». Le premier étale les résultats de son analyse, qu’ils soient avantageux ou non pour l’artiste. Le second, ne dit rien d’une œuvre qu’il n’apprécie pas. Il écrit uniquement quand l’œuvre l’intéresse, attise son intérêt, l’inspire et stimule ses sens.

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