Chroniques

De toutes les couleurs : globalisation des arts

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Dans leur fonctionnement, leurs choix d’œuvres d’art, et parfois même au niveau de la décoration intérieure, les galeries se ressemblent de plus en plus. La fréquentation des vernissages est parfois plus bronzée, plus pâle ou plus bridée qu’ailleurs, mais les gestes, les comportements et les sujets de discussion sont semblables. Ce que proposent les galeries des grandes villes à travers le monde est devenu prévisible. Il n’y a presque plus de surprises. A la limite, il est effrayant de constater, par exemple, qu’un artiste de Birmanie ou d’Indonésie, n’ayant jamais quitté sa localité, s’exprime d’une façon semblable à un artiste issu de la banlieue de Londres ou de Chicago. On ne sent plus la créativité locale que dans les ateliers d’artisanat ou les magasins touristiques, et encore, j’ai l’impression qu’elle stagne sérieusement de nos jours. On est parfois tenté d’aller rendre visite aux artisans locaux plutôt qu’aux musées ou aux galeries d’art. Et s’il est vrai qu’il y a une grande diversité en termes de techniques, de matériaux, et de possibilités, on remarque cependant de grandes similitudes à l’intérieur d’un même genre. «La majorité de l’art  n’est que bruit de surface», a dit Darby Bannard, dont je vous ai parlé précédemment. Le monde de l’art, au sens d’Howard Becker (un sociologue américain maintenant à la retraite), est désormais effectivement global. La globalisation touche aujourd’hui aussi bien l’art contemporain que la culture de masse (termes encore relativement vagues). Avec l’unification de l’Europe, l’avènement d’Internet et la facilité grandissante de communication, il y a eu fluidification des échanges culturels à travers le globe. Dans les débats actuels autour de la globalisation, la question concernant les types de contacts ayant lieu entre les différentes cultures n’est pas encore maîtrisée. On a parlé du caractère « poreux » des frontières identitaires, mais il manque une théorie sur la nature changeante de ce qui est effectivement échangé à travers ces frontières de plus en plus vagues. Tel que le monde évolue aujourd’hui, il existe des cultures dominantes qui occupent de plus en plus d’espace comme la culture européo-américaine et d’autres qui sont restées minoritaires parce qu’elles sont véhiculées par des moyens traditionnels, les privant ainsi d’imposer leurs points de vue. Hormis les bénéfices économiques certains de la globalisation, et le fait qu’on est face à un processus de reproduction des différences plutôt qu’un processus de suppression des différences, on se demande si elle n’est pas plutôt néfaste pour l’art en général. La propriété intellectuelle est-elle protégée ? Les concepts de culture, d’identité culturelle et de diversité culturelle ne se retrouvent-ils pas menacés ?

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