Chroniques

De toutes les couleurs : la part du hasard dans l’art

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L’art est la maîtrise alors que le hasard est justement le manque de maîtrise. L’art et le hasard sont théoriquement contradictoires; ils n’ont donc, a priori, rien à voir l’un avec l’autre. Pourtant, depuis près de huit siècles, à l’insu du reste du monde, les Chinois associaient déjà art et hasard dans leurs créations. La calligraphie ainsi que la peinture de cette culture introduisent volontairement des effets «involontaires»  dans les œuvres. Le calligraphe chinois ne se contente pas de bouger sa main, il bouge aussi son bras et parfois tout son corps pour ajouter une part de hasard à son écriture.
En Europe, puis dans le reste du monde depuis quelques générations, la part du hasard est de plus en plus importante dans la production artistique visuelle. En effet, en mettant fin, entre-autres, à l’illusion de l’évidence des œuvres d’art, l’art contemporain a ouvert la porte grande ouverte aux effets aléatoires. Si bien qu’aujourd’hui, l’art et le hasard se tutoient, se combinent et se lovent comme jamais auparavant. L’acceptation comme art de certains designs et patterns aléatoires n’est pas nouvelle, mais ce sont les artistes qui avaient la volonté de se détacher de tout élément rationnel qui se sont mis à introduire volontairement et irréversiblement les effets du hasard dans l’art.
Pour un certain nombre d’artistes tels que Arp, Duchamp ou Pollock, le hasard a émergé comme un idéal créatif qu’ils ont accepté définitivement comme partie importante de leur créativité.
Hans Arp a introduit le hasard dans la composition de ses collages intitulés «suivant les lois du hasard». Dans cette expérience, il secouait plusieurs morceaux de papier aléatoirement coloriés puis les laissait tomber sur une surface. Enfin, il les collait en respectant la disposition ainsi obtenue. Hans Arp qui fut tour à tour dadaïste, surréaliste et abstrait, considérait le hasard comme un pilier de la créativité. L’appellation dada est elle-même trouvée, paraît-il, par hasard en feuilletant un dictionnaire. Pollock, quant à lui, soutenait qu’il maîtrisait les giclures de ses drippings! Sa peinture est loin de la peinture classique où le choix conscient et la réflexion ont une place importante. Elle est loin aussi de la peinture surréaliste qui accorde une large place à l’inconscient et l’intuitif. Elle se trouve donc quelque part entre les deux. Il n’y a pas que du hasard dans sa gestuelle. Une des expériences de Duchamp basée sur le hasard consistait à laisser tomber des fils de un mètre de long à partir d’une hauteur de un mètre pour les déformer de manière aléatoire. Les déformations ou courbes ainsi obtenues puis reportées sur un gabarit en bois sont  aujourd’hui exposées au Musée d’art moderne de New York.

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