Dès qu’une exposition est terminée, il se prépare pour la prochaine. Dans cet éternel recommencement, l’artiste-peintre me fait penser à Sisyphe, ce héros de la mythologie grecque que les dieux auraient condamné à pousser un rocher jusqu’au sommet d’une montagne. À peine Sisyphe est-il arrivé près du sommet que le rocher roule vers la vallée, et tout est à recommencer… Certains rêves sont plus faciles à réaliser que d’autres. Je veux dire que les étapes qui permettent d’y arriver sont relativement claires. Pour obtenir un diplôme, par exemple, on sait d’avance le temps nécessaire pour y arriver et l’énergie qu’il faut y mettre. Dans ce cas, c’est de patience qu’on a besoin.
Mais pour réussir à créer, innover, puis imposer une nouvelle vision artistique, le but est inéluctablement vague et le chemin qui y mène est nécessairement inconnu. Dans ce cas, c’est bien sûr de talent, mais surtout de persévérance qu’on a besoin. Aucun monument humain n’a été réalisé sans de la persévérance et une volonté exceptionnelle. Toutes les performances humaines que nous admirons sont des exemples de cette inépuisable force. En fait, ce n’est pas la force, mais la persévérance qui permet de réaliser les opérations d’envergure. C’est grâce à elle que l’on peut créer des œuvres inoubliables ou réaliser des triomphes éclatants. Ce n’est pas par la force mais par une sorte de persévérance naturelle que le ruisseau creuse la roche. Je ne parle pas d’obsession. Je pense, et là je risque de me perdre dans les définitions, que l’obsession mène selon les situations soit à la persévérance soit à l’obstination. L’obstination est peut-être de la persévérance privée de talent ou d’intelligence. Et la persévérance de l’obsession transformée en énergie constructive. La majorité des gens abandonnent des projets dès qu’ils rencontrent un problème sérieux. Mais c’est justement là le pire moment pour se décourager, comme disait le célèbre inventeur Thomas Edison. Il s’agit d’essayer, d’échouer, et puis d’essayer plus fort. La question n’est pas de savoir si l’on risque d’échouer, mais de savoir si l’on peut se relever et recommencer! Tout est possible avec un talent ordinaire et une volonté extraordinaire. Avec de la persévérance, même le médiocre a une chance de réussir. «Il est difficile de laisser votre empreinte sur le monde. Si c’était facile, tout le monde le ferait… Il faut de la patience, de l’engagement, et cela inclut beaucoup d’échecs en chemin. Le vrai test n’est pas de savoir si vous pouvez éviter ces échecs, car vous n’y arriverez pas. C’est de savoir si vous laissez l’échec vous plonger dans l’inaction, ou si vous apprenez les leçons; si vous choisissez de persévérer.» (Barack Obama).