Mais ce mot qu’on met à toutes les sauces est très difficile à définir dans l’absolu. L’image peut être physique ou mentale. Elle peut être un dessin ou une idée, une peinture ou une métaphore, une photographie ou un mirage, une description ou le reflet d’un miroir, une illustration ou un fantasme…
On peut cependant affirmer qu’il existe trois étapes pour analyser une image : sa description, son contexte et son interprétation. Il n’y a pas que la peinture, le dessin, la gravure, la photographie, la bande dessinée, le cinéma ou la vidéo qui produisent des images. Notre façon de penser est probablement majoritairement basée sur la notion d’image. Même la musique, la poésie et la philosophie peuvent créer des images dans notre esprit. La poésie, comme le précise si clairement Friedrich Nietzsche est une affaire d’images : «La métaphore n’est pas pour le vrai poète une figure de rhétorique, mais une image substituée qu’il place réellement devant ses yeux à la place d’une idée».
C’est l’imagination qui nous différencie des autres espèces vivantes. Oui, l’imagination, cette puissante faculté qu’a notre esprit de se représenter ou de former des images. Depuis la préhistoire, notre existence est allée de pair avec la production d’images. Grâce à elles, les humains ont pu représenter, raconter, exprimer, séduire, éblouir, abuser ou corrompre. La production visuelle préhistorique était plus dans la cérémonie, l’éphémère, l’attitude et l’ornement corporel que dans l’objet sans vie (en fait, je pense que le concept de l’image sous forme de peinture ou d’objet inerte est une pensée occidentale.) Le corps décoré a donc été un facteur très important dans l’invention visuelle humaine, pour des raisons de séduction ou de rituels. Depuis la nuit des temps, la parure des chefs et des religieux a symbolisé l’autorité. A cause du pouvoir des images, leur histoire a constamment été mêlée de fascinations et de doutes. Dans toutes les religions se sont instaurées des relations à l’image qui varient entre adoration et refus de la représentation. Dans l’Islam par exemple, la volonté de non-représentation a favorisé la recherche de la perfection géométrique du décor et la symbolique des couleurs. Et cela a influencé des artistes européens des 19ème et 20ème siècles. Pensez à l’abandon de la représentation pour une autonomie formelle de la peinture de Vassili Kandinsky et de Robert Delaunay. A cause des divers supports et de la circulation instantanée, l’abondance des images est aujourd’hui indescriptible! Mais il arrive que certaines fassent le tour de la terre et deviennent ainsi immortelles. Pensez à l’image de Maryline Monroe sur une grille de métro qui soulève sa jupe ou à l’image de l’étudiant et du char sur la place Tian’anmen, ou encore peut-être à ce légendaire coup de tête de Zidane à Materazzi durant la finale de la Coupe du monde en 2006!