Chroniques

Des vacances sans sourire?! Peut-on être heureux sans sourire ?!

Sophia El Khensae Bentamy | Consultante, coach et enseignante en techniques de communication, coach en psychologie positive et en thérapie par le rire.

Mieux communiquer, mieux vivre…

Spontanéité
Peut-on apprécier la vie sans jamais échanger un regard complice, sans jamais s’autoriser un éclat de rire, même discret ? Je ne parle pas d’une injonction à rire 24h/24. Le bonheur n’est pas seulement dans l’hilarité. Il existe aussi dans le calme, dans le silence, dans la contemplation.

C’est une question qui m’accompagne de plus en plus dans mon métier de coach en psychologie positive et de praticienne en thérapie par le rire. Moi qui ai choisi de consacrer ma vie professionnelle à aider les autres à se reconnecter à leur joie, à leur spontanéité, je suis parfois frappée par ce que j’observe autour de moi.
Lors de mes dernières vacances,  j’ai fait le constat d’une absence de sourire et de rires chez nombreux de celles et ceux que j’ai croisés…
Dans les restaurants, sur les terrasses de vacances, dans les lieux où l’on est censé se détendre, je vois souvent des couples, des familles, des groupes d’amis… avec des visages fermés. Pas de sourire, pas de rire, parfois même pas de conversation. Des regards fuyants, des fronts soucieux, des mâchoires serrées. Comme si le simple fait de montrer qu’ils passent un bon moment était… gênant ou qu’ils ne savaient plus comment faire tout ceci… D’ailleurs, l’ont-ils déjà pratiqué…Vous me trouvez peut-être dure… C’est justement ça que j’ai observé… dureté… Et, comme j’aime sourire aux autres, parler aux autres et tout simplement co-vivre sur cette planète que nous partageons et ce temps que nous consommons ensemble directement ou indirectement… Je vous diseais donc que j’ai partagé mon sourire spontanément ici et là et j’ai à ma grande et très agréable surprise certains se sont animés de joie et d’échanges souriants avec moi d’un coup comme s’ils étaient à leur tour étonnés de croiser une personne prête à créer un moment positif et le partager autour d’elle… Ils étaient heureux, nous étions heureux l’espace de quelques secondes… Quel bonheur ! Un bonheur non programmé, authentique et suspendu dans le temps…
Et, là je vous dis sérieusement et je me demande sincèrement : est-ce possible d’être vraiment heureux sans sourire ?!
Peut-on apprécier la vie sans jamais échanger un regard complice, sans jamais s’autoriser un éclat de rire, même discret ?
Je ne parle pas d’une injonction à rire 24h/24. Le bonheur n’est pas seulement dans l’hilarité. Il existe aussi dans le calme, dans le silence, dans la contemplation. Mais il y a une différence fondamentale entre un silence apaisant et un silence pesant. Entre une sérénité qui irradie et une austérité qui fige.
Voir la vie avec des yeux d’enfant, quel régal…!!
Lorsque je me pose ces questions, je pense immédiatement aux enfants. Les enfants rient pour un rien. Une grimace, une chute sans gravité, un mot mal prononcé et les voilà partis dans un fou rire communicatif. Ils vivent l’instant présent avec tout leur corps. Leurs yeux pétillent, leurs sourires s’étirent, leur joie se propage autour d’eux.
N’est-ce pas ce que nous devrions tous essayer de préserver ? Cette capacité à voir le monde avec légèreté, à trouver le second degré dans les situations du quotidien, à transformer un incident en anecdote drôle ? Quand on regarde un enfant rire, on ressent une envie presque instinctive de sourire avec lui. C’est comme si son rire ouvrait une fenêtre dans notre journée.
Alors pourquoi tant d’adultes semblent-ils s’interdire cette spontanéité ? Est-ce par peur d’être jugés ? Par peur de paraître immatures, ou simplement «trop» joyeux ?!
Pudeur, culture ou conditionnement ?! Je me le demande aussi ?
Je viens d’une culture marocaine où, dans mon enfance, on riait beaucoup. Dans les années 80, on ne se privait pas de plaisanter en famille, même en public. Mes parents et mes grands-parents riaient ensemble à table, dans les rues, au marché. Aujourd’hui, j’ai parfois l’impression que le rire devient rare, presque réservé à l’intimité.
Dans certaines cultures, sourire trop largement en public peut même être perçu comme de la légèreté, voire un manque de sérieux. Les codes sociaux changent selon les pays, mais est-ce que cela devrait nous empêcher de vivre pleinement nos émotions ? Est-ce qu’un sourire devient une faiblesse dans un monde qui valorise tant le contrôle et la performance ?
Il y a aussi une autre question qui me taraude: est-ce que ces visages fermés que je croise en vacances sont le résultat d’une pudeur, d’une timidité, ou d’une véritable difficulté à se réjouir? Est-ce que le poids des soucis, du travail, de l’argent vient fermer leurs traits au point de les empêcher de goûter l’instant présent ?
Être en vacances, c’est déjà un privilège. C’est un cadeau que la vie nous offre. Même sans parler de grands voyages, simplement être en vie, être en bonne santé, avoir un moment à soi, c’est déjà une raison de sourire.
Alors la prochaine fois que vous serez en vacances ou même simplement en train de savourer un café le matin – essayez de vous en souvenir. Souriez, non pas parce que « ça se fait », mais parce que vous êtes là, ici et maintenant. Souriez à la personne en face de vous, au serveur, à l’enfant qui court sur la plage. Échangez un regard complice avec un inconnu. Offrez un rire spontané. Vous verrez : ce simple geste peut changer toute votre journée, et peut-être illuminer celle de quelqu’un d’autre.
Soyons honnêtes : il y a une forme de contradiction à dire que l’on veut « profiter de la vie » sans jamais le montrer. Si vous êtes à table, dans un lieu paradisiaque, avec de belles personnes autour de vous, et que votre visage reste figé comme si vous étiez au bureau un lundi matin… de quoi avez-vous peur ?
Je le dis avec bienveillance, mais aussi avec conviction : le bonheur n’a pas vocation à rester secret.
Le bonheur est fait pour être vécu, partagé, célébré. Et le sourire, même discret, est le premier signe que nous acceptons de l’accueillir.
Alors je reviens à ma question initiale : peut-on être heureux sans sourire ? Peut-être. Si votre visage, votre corps, votre regard ne participent pas à ce bonheur, si rien ne rayonne de vous, êtes-vous sûrs d’être vraiment heureux ?!
À vous de réfléchir… et peut-être de sourire en y pensant.
Et pour finir, je dirais et j’insisterais :
Mieux communiquer, Mieux vivre…
Et
Mieux Rire, Mieux vivre …

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