Chroniques

D’où viendra donc la lumière ?

© D.R

J’ai sans cesse devant les yeux les souffrances -que je ne peux qu’imaginer, alors qu’eux les vivent- des populations palestiniennes et israéliennes, comme le ressent, je l’espère, toute personne normalement constituée.

Comme tous les «Guerriers de la Paix», je sais que nos voix sont actuellement inaudibles.
Pourtant nous ne devons pas nous taire, ni pour aujourd’hui, ni pour demain.
Alors je pense pouvoir illustrer moi-même cette position: j’aurais pu en ces temps dramatiques faire comme beaucoup d’autres, c’est-à-dire disparaître purement et simplement.
Disparaître des réseaux sociaux, disparaître du terrain et «faire le dos rond», devenir invisible…et par là même, inodore, incolore…bref inutile.
Ce n’est pas dans mon tempérament !
Je suis militant depuis mon adolescence, autour de principes qui me sont chers : l’émergence de la jeunesse, la lutte contre le racisme…la paix, le vivre-ensemble.
Je suis un acteur associatif et culturel, sans pouvoir autre que celui d’agir dans ces domaines sur le terrain – avec les moyens qui sont les miens – et me donne aussi la possibilité de m’exprimer. Ce qui est certes modeste, mais m’a permis de belles actions, de belles activités, de belles réussites…
Cela me confère aussi de lourdes responsabilités, entre autres être conscient de l’impact que cela peut avoir, et garder toujours à l’esprit que des jeunes me font confiance et que je me dois de ne pas trahir cette confiance et donc être comptable de mes actes et paroles publics.
J’ai aussi des fidélités inébranlables : mon Roi, mon pays, les jeunes, le vivre-ensemble entre compatriotes Marocains Musulmans et Juifs et amis Chrétiens vivant sur notre sol.
J’aurais pu me taire, je ne l’ai pas fait, ai-je eu tort ?
Pour certains sans doute, par contre pour le respect de moi-même, de mes amis, de mes idées…je pense avoir eu raison. Je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas mais être militant ce n’est pas rien.
Alors je ne me suis exprimé que sur ce que je connais, ayant toujours à l’esprit le préambule de notre Constitution, la route tracée par Sidna, la paix, la fraternité avec mes amis Musulmans, Juifs, Chrétiens et bien sûr cette cause qui m’anime depuis toujours : la jeunesse.
Je n’ai de cesse de parler sur ces sujets, avec mes mots, mes sentiments, mon vécu, mon souci des générations actuelles et à venir…
Bien évidemment je suis trop ceci pour certains, pas assez cela pour d’autres, trop cela pour d’aucuns, pas assez ceci pour d’autres encore…
Sans doute ai-je perdu des amis en m’exprimant – c’est hélas inévitable vu la tension qui règne – mais au moins n’ai-je pas perdu mon âme.
Très modestement je souhaite de tout cœur avoir pu mettre du baume sur les cœurs de celles et ceux qui souffrent de cette situation et qui me font l’honneur de leur écoute.
J’ai sans cesse devant les yeux les souffrances -que je ne peux qu’imaginer, alors qu’eux les vivent- des populations palestiniennes et israéliennes, comme le ressent, je l’espère, toute personne normalement constituée.
J’ai toujours le souci de ne blesser personne, alors ai-je heurté quiconque par mes paroles de paix et de fraternité?
Ce ne devrait pas être le cas, mais le monde tourne à l’envers et les propos de violence sont applaudis quand ceux qui prônent l’amour sont vilipendés. Au moins ai-je le mérite d’avoir été fidèle à moi-même, à mon combat quotidien depuis toujours, à l’idée que je me fais de mon humanité et de mon patriotisme. «Ils» veulent que nous nous détestions les uns les autres…nous ne devons pas les laisser gagner, malheureusement ils sont en passe d’y parvenir, quoi que nous disions, nous «guerriers de la paix» nous sommes considérés comme coupables : nous sommes soit «pas assez» pour certains, soit nous sommes «trop» pour d’autres !
Nous sommes les punching-balls de toutes les haines.
Alors d’où viendra la lumière ?
Je terminerai mon témoignage par ce si beau message de Hannah Arendt :
«Même dans les périodes les plus sombres, nous sommes en droit d’attendre une certaine lumière. Et il est très probable qu’elle ne viendra pas tant de théories ou de concepts, mais de la lumière incertaine, vacillante, souvent faible, que certains hommes et femmes, au cours de leur vie et de leur travail, auront allumée dans toutes sortes de circonstances, la répandant sur le temps qu’il leur a été donné de passer sur terre.»

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