Eclairage géopolitique sur la gouvernance mondiale : Le futur est imprévisible, mais maîtrisable

Tout humain à travers le monde n’arrive plus à comprendre ce qui se passe autour de lui. Qui gouverne vraiment le monde ? Une énigme d’apparence complexe, bien qu’elle n’en soit pas vraiment une. Pourtant, même les experts les plus renommés pour les questions liées aux relations internationales et aux conflits ne savent plus eux-mêmes comment faire une véritable analyse rétrospective et prospective pour générer une image détaillée et précise de la réalité.

Des conflits, de faible ou forte intensité, secouent le monde sans que l’on puisse distinguer ceux qui sont les plus importants.
Rien d’étonnant à ce que le niveau de frustration monte de plus en plus chez bon nombre d’Etats, au point souvent de ne pas être en mesure de résoudre des problèmes parfois graves, ni même de les expliquer. D’ailleurs, les exemples malheureux de pays qui se retrouvent dans l’impasse ne manquent pas. Ceux-ci n’ont, tout simplement, pas su prendre les bonnes décisions au bon moment, dans un monde extrêmement interdépendant. Ce qui est excessivement important, c’est de pouvoir identifier les principaux acteurs de la gouvernance mondiale et de réussir un pari tout simple : ne pas aller en contre-sens de leurs intérêts, éviter de rompre ses relations avec l’un d’eux ou nuire à leur efficacité, en tant que forces de cohésion dans les relations internationales. Il faut apprendre à faire cohabiter, harmonieusement, sur un même marché mondial, un ensemble aussi dissemblable. Autrement dit, il faut apprendre à nager comme un poisson et à voler comme un oiseau.

Vers une vaste redistribution des cartes sur l’échiquier international

Qui pensait qu’une pandémie (Covid-19) allait anéantir, pendant de longs mois, toute la Terre ? Qui allait dire que l’Arabie Saoudite allait renouer ses relations avec l’Iran – son ennemi numéro un – et prendre – d’une certaine manière – de l’écart avec les USA qui pourtant furent son indéfectible protecteur ? Qui croyait que la France allait vivre une situation déshonorante, particulièrement en Afrique ? Qui présageait que la Syrie allait pouvoir réintégrer la Ligue des Etats arabes, sous la présidence de Bachar al-Assad ? Qui prédisait une Europe en déclin progressif? Qui imaginait le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne ? Qui croyait que le Maroc allait imposer, avec une élégante voracité, sa politique étrangère ?

A vrai dire, la situation géopolitique mondiale se traduit, actuellement, par une forme de déstabilisation due à une vaste redistribution des cartes sur l’échiquier international par Washington, en harmonie ou disharmonie avec Pékin. L’on entend aussi – de plus en plus – parler de la création d’une sorte de directoire mondial présidé conjointement par les Etats-Unis et la Chine – en tant que superpuissances – et composé de l’Union européenne et du «Sud global» (régions d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique et d’Océanie). Si certains analystes en science politique font ce qu’ils peuvent, en proposant des solutions de compromis pour de grands défis (géopolitiques, climatiques, technologiques, économiques, nutritionnels, énergétiques, …) auxquels se heurtent les Etats, des groupes de travail restreints, bilatéraux et multilatéraux mènent parallèlement et en continu cet exercice dans le cadre de différentes enceintes internationales et régionales. En vain, le but escompté est de réussir à trouver des issues et des solutions aux conflits qui dévastent de nombreuses régions du monde. « .

Un objectif qui est mis en échec si l’on recense le nombre considérable de guerres et de crises violentes qui ne cessent de se succéder et qui secouent particulièrement le monde arabe et africain. Dans une autre mesure, l’on relève l’absence d’une véritable logique de conception et de déploiement de politiques étrangères pertinentes et bien ficelées par certains Etats pour trouver les équilibres nécessaires qui feraient face aux multiples périls qui pèsent sur la planète. Le monde de demain se prépare dès aujourd’hui… Face à une dislocation géopolitique mondiale, comment les Etats devraient-il agir ? (A découvrir très prochainement dans le cadre d’une prochaine chronique).

Par Lahrach Yassir

Docteur en droit/Expert en Intelligence économique Analyste en stratégie internationale/Auteur du concept d’intelligence diplomatique