Et si nous appliquions nos (vraies) valeurs au lieu de seulement les prôner !

Les gardiens de nos valeurs et traditions voudraient que Toto soit un tuteur, un curé, un professeur, et oublient que notre culture si elle plonge ses racines dans le passé, regarde quant à elle résolument vers l’avenir et la modernité.

El Grande Toto a fait couler beaucoup d’encre à la suite de l’incroyable succès de sa prestation sur la scène de Mawazine.
En gros pour schématiser il y a ceux qui louent le statut d’artiste le plus populaire de Toto et ceux qui le noient sous un flot d’anathèmes.
Encore une fois je ne m’adresse pas ici aux personnes de bonne foi qui n’apprécient pas le chanteur pour des raisons de goûts personnels – ce qui est tout à fait leur droit – mais bel et bien aux bien-pensants -barbus ou non- qui lui dénient son titre d’artiste, lui nient son talent, l’accusent de tous les maux à tort et à travers… et laissent percevoir rancœur, jalousie, dénigrement gratuit… l’accusant de fouler au pied nos valeurs et nos traditions !!!!
Rien que ça !
Valeurs, que dans bien des cas d’ailleurs, ils sont dans beaucoup de cas loin d’incarner eux-mêmes, soit dit en passant. J’ai beaucoup discuté de ce sujet avec les jeunes cette semaine et croyez-moi je n’en ai pas trouvé un seul pour se dire choqué par Toto, pas un ! Au contraire…
Alors que les gardiens de nos valeurs et traditions voudraient que Toto soit un tuteur, un curé, un professeur, et oublient que notre culture si elle plonge ses racines dans le passé, regarde quant à elle résolument vers l’avenir et la modernité.
J’ai ainsi vu en discutant avec eux que nos jeunes ont actuellement 2 «idoles» : El Grande Toto et Achraf Hakimi, l’artiste et le sportif sont au panthéon de leurs rêves.
Certains y verront un antagonisme, eh bien pas du tout, ces 2 jeunes qui ont réussi sont deux enfants du peuple qui sont aujourd’hui des stars, auxquels tous les ouled Chaab peuvent s’identifier et qui chacun dans son domaine les représente.
L’un par son talent, sa fougue, ses paroles, incarne le rebelle, l’autre par son courage, sa détermination, sa volonté, ses dons, incarne le dépassement de soi : les 2 faces d’une même médaille qui représente notre jeunesse.
Ne les opposons pas, combinons-les !
Cessons de donner des leçons, cessons de décider, de choisir à la place des jeunes, arrêtons de nous voir en pères la censure. De tout temps la culture a été rebelle et si l’on n’est pas rebelle à 20 ans alors quand le sera-t-on?
Il est facile de parler «DE» la jeunesse, tellement plus difficile de parler «À» la jeunesse…
Nous ne sommes pas les «ange-gardiens» de la tradition, sachant que dans le mot traditions se cachent parfois les pires tabous.
Soyons-en les donneurs d’exemple, préservons avec intelligence ce qui doit l’être, n’en faisons pas un carcan mais au contraire ouvrons-nous avec intérêt aux nouvelles générations et à ce qu’elles apportent.
Toto, Achraf, tous les 2 porte-drapeaux de la jeunesse actuelle, comme une revanche sur la vie, comme l’incarnation d’espoirs, comme les porteurs de (nouvelles ?) valeurs.
Pour comprendre cela il faut faire l’effort d’aimer la jeunesse, lui faire confiance, lui donner la parole, ce que fait Toto avec sa musique, ce que fait Achraf avec son intelligence du jeu.
Une partie de notre société ne serait-elle pas en train de passer à côté de sa jeunesse ?
Hélas la réponse est dans la question…