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Et si Tebboune était le prochain Bachar El Assad ?

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Mustapha Tossa | Journaliste éditorialiste

La chute de Bachar El Assad a provoqué une onde de choc dont les réverbérations ont atteint de plein fouet la région du Maghreb. Et pour cause. Les regards du monde entier se sont rivés sur le régime algérien. Avec cette interrogation qui taraude les esprits : Et si le président algérien Abdelmajid Tebboune était le prochain Bachar El Assad ?. La question n’est ni fantaisiste ni infondée.

Les deux régimes syrien et algérien possèdent de nombreux points communs et devraient nécessairement vivre le même sort, puisque subissant les mêmes dynamiques d’érosion.
Les similitudes entre les deux régimes sont à trouver aussi bien dans leurs alliances internationales que dans leurs situations internes.
Un premier et immense point commun. Le régime de Tebboune partageait avec le régime de Bachar El Assad une intimité qui s’est transformée avec le temps en totale dépendance avec le régime iranien honni par la communauté internationale. Ayant été obligé de poser un genou à terre par les multiples frappes israéliennes qui ont cassé son proxy le Hezbollah, l’Iran était dans l’incapacité de venir au secours de son protégé syrien. Sans doute Téhéran était-il dans l’obligation de négocier son sacrifice pour pouvoir se prémunir des coups à venir, notamment de la part de la future administration de Donald Trump qui ne cache plus son désir de procéder à un «  Régime Change » en Iran, comme une des solutions pour réécrire la géographie politique de la région.

Les régimes syrien et algérien partageaient aussi une protection supposée ou réelle de la Russie de Vladimir Poutine. La survie du régime syrien dépendait de la protection russe et Alger se vante dans sa doctrine militaire d’être un allié important de Moscou, étant un des clients gourmands de son arsenal militaire. À cause de l’épuisante guerre en Ukraine, la Russie s’est trouvée dans l’incapacité de voler au secours de son protégé Bachar El Assad. Et cette impuissance a été violemment ressentie à Alger comme un tournant majeur qui va obliger le régime Tebboune à revoir à la baisse sa réthorique guerrière à l’égard de son voisinage.

Mais ces points de comparaison ne s’arrêtent pas aux alliances militaires et aux protections internationales. Ils touchent aussi l’architecture du pouvoir interne. En Syrie, un clan militaire avec une façade civile s’est accaparé les richesses du pays , procédé à la fermeture hermétique de l’espace politique, transformé le pays en prison à ciel ouvert, obligeant toute sorte d’oppositions à quitter le pays ou à mourir dans ses geôles , pratiquant une prédation économique d’une rare voracité.

Ces éléments caractéristiques de la situation syrienne sont aussi constitutifs de la réalité algérienne. Vivant comme l’avait constaté le président français Emmanuel Macron sur une rente mémorielle, le régime algérien est dirigé par un clan vieillissant, castrateur des libertés , où la moindre opposition y commise sur les réseaux sociaux est jetée sans ménagement ni procès en prison. Devant de telles frustrations, la réalité sociale est en pleine ébullition. Les braises du Hirak, qui avait fait sortir des millions d’Algériens dans les rues et suscité d’immenses espoirs de changements, fument encore et dans les flammes peuvent repartir à n’importe quel moment .

Faut-Il rappeler que si cela devait se faire dans les semaines à venir , personne au sein de la communauté internationale ne volera au secours du régime algérien. Et tout le monde verra comme légitimes les demandes de changements de la population algérienne qui vit une fermeture, une pauvreté, un isolement et une frustration comparables à la réalité syrienne qui a procédé à la chute de Bachar El Assad.

Par rapport au régime syrien , le régime algérien entretient aussi des relations avec des milices armées et des organisations terroristes qui n’ont qu’un seul agenda, celui de semer le chaos dans la région, de procéder à sa déstabilisation. Toutes ces raisons objectives ont fait naître cette interrogation légitime : et si le régime algérien était le prochain sur la liste des grands changements que la carte politique du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord est en train de subir ? Le régime algérien, avec un leadership calcifié , qui essaie de se répliquer dans la Tunisie voisine à travers Kaïs Saïed , est le dernier des bastions des dictatures militaires vieillissantes , aujourd’hui mûres pour le grand changement.

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