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Face au stress, le manager devra assurer pour maintenir les troupes

Par Mouna Sqalli coach certifiée, DG de Coach2WIN
Par Mouna Sqalli
Coach certifiée, DG de Coach2WIN

Le stress freine notre évolution, aussi bien personnelle que professionnelle. Même si une légère pression peut être bénéfique, trop de stress peut entraver l’efficacité. On distingue un stress positif qui permet alerte et vigilance et un stress négatif. Ce dernier est démesuré qui fait réagir l’individu en mode panique. La réaction face au stress correspond, en fait, à 3 états d’urgence de l’instinct, à savoir la fuite, l’agression et l’inhibition. Le stress a également un coût. Il représente 19% des coûts d’absentéisme, 40% de ceux liés au turnover et enfin 60% de ceux relatifs aux accidents du travail. En temps de pandémie, la situation actuelle induit un stress important sur les personnes et la société tant sur le plan physique, psychologique, émotionnel que comportemental.
Au Maroc, une enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP) a déterminé que le confinement et la menace sanitaire de la Covid19 ont eu un fort impact psychologique sur la population. 18% des ménages ont ressenti, en effet, une détérioration des rapports familiaux (20% en milieu urbain et 12% en milieu rural). Le risque de contamination représentant la principale inquiétude des ménages. Selon les statistiques de l’instance, «24% des ménages sont très inquiets des menaces de Covid19 et 46% sont plutôt inquiets». Ces inquiétudes sont plus dues à la crainte d’être contaminé par le virus (48%), que de perdre son emploi (21%). Les ingrédients du stress sont, par ailleurs, additifs. Plus il y a d’éléments qui caractérisent une situation, plus la situation est stressante.

Le stress proprement dit…
Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, «le stress est ressenti lorsqu’un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences». Bien que le stress soit perçu psychologiquement, il peut, également, porter atteinte à la santé physique. La 1ère phase du stress ou phase d’alarme est la réaction de survie immédiate. La seconde est aussi appelée phase de résistance. Le 3ème stade, baptisé phase d’épuisement, voit les défenses immunitaires des individus baisser, ce qui rend l’organisme plus vulnérable, avec l’apparition de maladies. Arrive enfin la quatrième phase où la personne est alors épuisée physiquement et mentalement. Elle n’est plus capable d’affronter le stress chronique. Déprime, angoisse, perte de confiance et de motivation au travail, décrivent le burnout. La personne est alors partie pour un travail de longue haleine pour retrouver progressivement un équilibre de vie. Le stress peut aussi simplement souligner qu’on a oublié de prendre soin de soi : hyperactivité ou (au contraire) manque d’activité physique, alimentation mal équilibrée, manque de sommeil, excès de tabac…

Comment faire lorsque les émotions prennent le pouvoir ? Se taire ou s’exprimer ?
Les émotions agissent sur notre corps, les mots que l’on ne dit pas deviennent des maux. Mieux se gérer permet de mieux gérer ses relations avec les autres, en faisant preuve d’intelligence émotionnelle. Un quotient émotionnel faible se traduit par un repli sur soi, de l’agressivité, un manque de concentration. Pour aider, le coaching personnel permet de travailler sur sa propre communication ; l’assertivité comme réponse : par l’expression de soi et l’affirmation de soi en respectant sa cohérence interne et la relation à l’autre, on arrive à mieux gérer ses émotions. Il est aussi utile d’aider le corps à se détendre avec la respiration 4.7.8: inspirez par le nez en comptant 4, retenez votre souffle pendant 7, expirez par la bouche sur 8. Pour vivre moins stressé, basculer aussi de mode mental. Notre cerveau a en effet 2 grands modes de fonctionnement, à savoir le mode mental adaptatif et le mode mental automatique.
Le premier gère ce qui est inconnu et complexe. Il nous permet donc de nous adapter. Le second gère ce qui est connu et simple en faisant des raccourcis, sous forme de préjugés et de croyances limitantes. Il nous permet de rouler sur nos acquis et utilise les biais décisionnels. Ceci dit, dans ce contexte inédit, c’est normal d’être stressé. Et pour arriver à atténuer les effets néfastes provoqués par les crises, le coaching professionnel est un atout. Des ateliers spécifiques de gestion du stress permettent d’apprendre des techniques pour gérer le stress, ses émotions et améliorer les interactions avec les autres ainsi que son mode de management pour favoriser l’intelligence collective. Plusieurs mesures sont à prendre en ligne de compte pour améliorer sa vie dans une telle situation exceptionnelle.

En général, il s’agira pour celui en charge de coacher les équipes en entreprise de recueillir les questions et les préoccupations des gens. Faire un retour systématique sur les réponses à apporter aux préoccupations soulevées, créer des cellules de soutien et mettre à contribution les personnes stressées avec des collègues rassurants pour solutionner les enjeux actuels et à venir est essentiel. Il faudra banaliser la pandémie et ignorer les réactions des employés dans les sources de stress. Contre le stress, il faut saisir les aspects positifs ou les apprentissages tout en adoptant de nouvelles attitudes. Il s’agit de garder en tête que l’on ne reviendra pas à la situation d’avant-Covid19. Il faut faire preuve de bienveillance avec soi-même et les autres. Je conseillerais à ce stade d’explorer un retour à soi vers la performance, de demander de l’aide pour avoir un meilleur contrôle de soi, de ses émotions et favoriser une attitude de collaboration et de cohésion d’équipe face à l’adversité. Le seul endroit où le mot succès est avant le mot travail, c’est dans le dictionnaire !

Le manager devra se poser des limites. Penser à soi pour se protéger et être encore mieux pour soutenir son équipe est important.
Définir des objectifs à court terme, favoriser l’autonomie, reconnaître le travail réalisé sont aussi des mesures à mettre en place pour combattre le stress. Les moments d’échange sont également importants (mon pire/mon meilleur moment – ce que j’ai appris dans mon travail/ce que j’ai appris sur moi).
Le remède est donc de se donner physiquement ou physiologiquement ce dont le corps a besoin. C’est là que toutes les techniques de respiration et de relaxation jouent un rôle important. Il est également souhaitable de rééquilibrer son activité physique, son alimentation, son sommeil.
Le manager est en somme le thermostat de l’entreprise.

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