Chroniques

Faudel : le petit prince du raï à Marrakech

© D.R

Quand on a la chance d’être à Marrakech en cette période de début janvier, on comprend aisément le pourquoi de l’engouement des touristes nationaux et étrangers.
Cette belle ville ocre, calme et en même temps bruyante, chaude le jour et fraîche la nuit, verdoyante sur les plaines derrière un fond de décor, l’Atlas enneigé. Voilà ce beau contraste qui enchante, qui envoûte et qui surprend en même temps.
Parmi les célébrités présentes ces derniers jours, il y avait le jeune Faudel, chanteur du raï, celui qu’on surnomme « le petit prince du raï », un homme sympathique que le sourire ne quitte jamais et qui vous attire et vous conquiert tout de suite. Ce jeune chanteur se promenait décontracté à Marrakech avec une bande d’amis marocains mais aussi son épouse, son amie la fille de Charles Aznavour. Il était tellement bien qu’un soir il se mit à chanter de lui-même dans un endroit chic de Marrakech. C’était me dit-il, « un moment de bonheur et de délices ».
Quand Faudel parle des Marocains, il les appelle : « Khouti » (mes frères), quand il parle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, il dit « Sidna» ou « Sidi ». Quelle belle leçon de respect que démontre Faudel pour les Maghrébins car en tant qu’Algérien, il se sent, dit-il, tout simplement nord-africain.
Tâchons de connaître ce jeune chanteur du raï dont le dernier tube : « Je veux vivre » en dit long sur ce que le monde d’aujourd’hui doit représenter pour l’homme, c’est-à-dire, une vie de liberté, de tolérance et de paix.
Faudel a un peu plus de 25 ans, puisqu’il est né à Mantes-la-Jolie le 6 juin 1978. Son père Belloua, ouvrier algérois est venu travailler en France comme plein d’autres. La maman, femme au foyer, de Tlemcen, élevait tranquillement ses sept enfants, tous versés dans la musique. Chaque été, la famille Belloua se trouvait en Algérie, à Tlemcen précisément pour passer les vacances et voir les proches. Et c’est là que Faudel découvre le raï auprès d’une grande dame : sa grand-mère qui l’imitiait ainsi que ses frères à la derbouka et au bendir. Le vrai déclic pour Faudel: c’est lors d’un mariage de famille où il va chanter en duo avec sa grand-mère – disons c’est le départ. Déjà ce jour, Faudel va dégager un enthousiasme communicatif, un charme désarmant, une spontanéité qui sonne vrai. A 12 ans, il commence à chanter dans une groupe : « Les étoiles du raï », groupe spécialisé dans l’animation des fêtes et des mariages de quartiers. C’est à cette période qu’il sera repéré par Mohamed Mestar, « Momo » qui le prend en main et petit à petit lui fera ses premiers pas professionnels.
Sa première sortie se fera en lever de rideau du concert donné par Jimmy Oihid en 1993. Les représentations vont se suivrent et notre Faudel fera successivement beaucoup de scènes, en première partie, notamment avec des chanteurs aimés et confirmés comme Mac Solar, Cheb Khaled (avec qu’il interprète le célèbre tube « Didi ») et bien sûr Cheb Mami.
Sans fracas et sans tam-tam, Faudel commence à être connu, il devient l’ami et le confident rêvé par les uns, le copain, le fils et le petit-fils pour les autres.
La révélation de Faudel comme artiste accompli se fera en avril 1996, le petit prince du raï, devant un public de plus en plus conquis, sort son premier album « Baïda » (La blanche) qui se vendra à plus de 300.000 exemplaires. Ce fut le succès du réseau « Printemps de Bourges ». D’ailleurs, cet album sera classé au Top 10 français et comporte des tubes comme « Anti » (Toi), « Tellement Nbkhik » (Tellement je t’aime), « Dis-moi omri » (Ma vie), « Miskin » (Pauvre), « Nsal fik » (Je demande après toi) et bien d’autres chansons fredonnées par les amateurs du raï. Il est aussi regardé de travers par les puristes du raï, car dit-il, « j’avais pris parti de chanter en français et en arabe ». Mais néanmoins, Faudel forcera le respect des plus récalcitrants grâce à son succès mais surtout le 26 septembre 1998 lorsqu’il donna le grand concert célèbre au Palais omnisports de Bercy en compagnie de ses amis: Khaled et Rachid Taha.
Le « 1-2-3 soleil », cet album composé de tubes chantés devant 15.000 spectateurs-fans, et spectacle orchestré par Steve Hillage, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires. Faudel dit : « On a commencé à me prendre au sérieux ».
Il sera par ailleurs nommé « Meilleure révélation » aux victoires de la musique.
Sur un plateau de télévision, Serge Morati est lui-aussi conquis par le charisme de Faudel si bien que le réalisateur de l’émission « La croisade des enfants » lui offre le rôle de Barouk, narrateur de son téléfilm «Jésus», qui explose l’audimat de TF1 vers la fin juin 1999. Après une incursion dans le cinéma d’auteur « Le battement d’ailes du papillon », Faudel revient à la musique et va se consacrer exclusivement à la finalisation de son deuxième album « Samra » (Peau mate). Est-ce la voix rauque de « Aimara » sa grand-mère, faisant le bonheur des mariages, aux environs d’Oran, qui lui a soufflé de jeter l’ancre au large d’autres rivages – on ne sait pas.
Du reste, cet album qui a donné un vrai nom à Faudel s’est fait avec le soutien de « Maquistador Editions » et l’équipe de Mohamed Mestar (toujours », tout ce monde entoure de grandes pointures de la musique.
Faudel devient très connu à l’étranger. L’Egypte, Dubaï, le Liban, la Turquie, voilà des pays qui ne restent pas sourds à l’univers de Faudel et à sa musique.
Pour Faudel, les portes du Moyen-Orient vont s’ouvrir et les concerts vont s’enchaîner. De cette aventure il me dit : « J’ai pu chanter deux duos somptueux avec des superstars que sont « Ragheb Salama » et « Jamel Hzazi ». Aussi tous les ingrédients sont réunis pour faire de cet album, la chose qui le confirmera et l’élèvera au firmaments des étoiles de la chanson « Salsaraï ». C’est le duo qu’il interprétera avec le célèbre Colombien « Yuri Buenaventura », une complicité réussie par excellence.
Faudel travaille beaucoup à 25 ans et se livre à des marathons depuis un certain temps. Il enchaîne galas et concerts, télé et radio. D’ailleurs, M6 le propulse dans de la série « Le pion » où il retrouve Serge Moati : « Mon deuxième papa qui peut m’appeler à n’importe quel moment » et j’ai un malin plaisir à lui donner la réplique.
Voilà notre ami Faudel qui sort l’année dernière son troisième album : « Un autre soleil » et dont les chansons qui le composent sont des tubes connus et frédonnés par les jeunes et les moins jeunes. On y trouve bien sûr : « Je veux vivre » mais aussi «Un autre soleil», « Je n’ai que mon amour », « Wouli », « Souffrir pour lui dire », « Entre elle et moi », «Peut-être», « Je cherche »…
Cet album qui est sorti le 2 septembre 2003, donc il y a quatre mois, se vend très bien.
Aujourd’hui, Faudel vit avec la charmante Anissa qui lui a donné une petite fille qu’il adore et à Marrakech, l’autre soir il me parlait de sa petite « Enzy » qu’il adore, le bonheur de sa vie. La critique musicale avait titré sur Faudel : « Une carrière musicale bien maîtrisée, un rôle à la télévision et maintenant un bébé».
Faudel, notre petit prince du raï, est retourné au lycée non pas pour passer son bac mais pour tenir le rôle principal d’un surveillant dans un lycée, tunisien d’origine, il sera mêlé à une affaire obscure mais au final il réussira à rétablir la vérité grâce à sa propre enquête. « Le pion », film qui a été tourné en 2001.
J’ai essayé de comprendre le succès de ce jeune chanteur qui est monté rapidement comme une flèche sur la scène internationale et tout un coup il me rappelle le parcours de l’acteur irlandais Colin Farell, qui lui aussi crève les écrans à l’âge de 27 ans. Une réussite qui ira en augmentant, en tout cas, souhaitons-le à Faudel.
L’autre soir, je passe quelques moments avec lui au restaurant « Jad Mahal », nouvellement créé, et bien sûr, j’étais intéressé de savoir pourquoi Faudel venait souvent à Marrakech. Il me dit : « Ouallah (au nom de Dieu), je suis attiré par Marrakech, je ne sais pas pourquoi. Cette ville est mystérieuse, elle capture, il y a quelques chose que je ne saisis pas, que je ne comprends pas. C’est la beauté, le contraste. « Faudel s’arrête, ne trouvant plus de mots, puis il reprend ».
« Cette ville, Ouallah, c’est de la folie joyeuse, un monde à part, on se sent bien, on se réveille bien, il y a les oiseaux qui chantent, cela veut dire que le bonheur est là. Manaraf (je ne sais pas), j’arrive pas à saisir le pourquoi du charme de cette ville aux sept Saints, ville mystérieuse et bénie ».
A la vérité, quand on écoute Faudel parler de Marrakech, on a l’impression qu’un enfant rêve devant ses jouets et qu’il est heureux. Quand j’ai demandé à Faudel que représente pour lui le Maroc. Il parle bien sûr des avancées réalisées par notre pays dans les domaines de la liberté, de la démocratie et des problèmes de la femme. « Moi qui suis un chanteur de l’amour et de la tolérance, comment veux-tu Aziz que je n’aime pas le Maroc, mon pays. Un pays dirigé par une super Roi jeune qu’on aime, j’adore « Sidi ».
Déroutant ce Faudel, mais intelligent et vrai, Marrakech lui procure certainement des moments heureux dans sa vie et lui donne des instants de repos et de calme loin du stress parisien.
Faudel est l’ami des Marocains qui aiment ses chansons et son style. Marrakech restera une ville qui procure cette joie à tous ceux, pris par l’engrenage de leur « boulot » et qui cherchent un univers de repos, de méditation et de joie.
Elle t’accueillera toujours bien, cher ami Faudel cette belle ville Marrakech et qui t’attends bientôt pour donner un méga-concert.
A bientôt « petit prince du raï ».

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