Chroniques

Foot : Et si l’on passait «au stade» des propositions

Il y a plusieurs années de cela lors d’un derby particulièrement violent, déjà l’indignation avait été à son comble, déjà on avait juré plus jamais cela.

Beaucoup de choses ont été dites, écrites, racontées suite au décès d’une jeune supportrice de football (Allahyirhamha) aux abords du stade qui abritait le match Raja-Al Ahly.
Beaucoup de choses et beaucoup de bêtises : or nous parlons d’un drame, une jeune fille de 29 ans a perdu la vie alors qu’elle allait assister à ce qui devrait être une belle manifestation de vie.
Présenter ses condoléances est le premier geste à accomplir.
Ensuite posons-nous les bonnes questions !
Faisons-nous le bon diagnostic ? Non !
Évoquons-nous les réelles responsabilités ? Non !
Cherchons-nous des propositions concrètes ? Émanant du terrain, réalisables, efficaces…
Posons donc le problème clairement, et sans surenchère, pensons idées, propositions, solutions…
– Des gosses de 12-15 ans ont-ils à se trouver, seuls, dans un tel événement ?
– Comment se fait-il que des personnes munies de leur billet ne puissent accéder à leurs places, celles-ci étant occupées ?
– Pourquoi les billets sont-ils vendus en surnombre et pourquoi ces billets peuvent-ils être scannés et utilisés sans qu’aucun système ne puisse les détecter?, etc.
Il y a plusieurs années de cela lors d’un derby particulièrement violent, déjà l’indignation avait été à son comble, déjà on avait juré plus jamais cela, des jeunes associatifs s’étaient même réunis et avaient travaillé d’arrache-pied pour élaborer des propositions…
Qui s’en souvient ?
Moi !
Et j’ai l’habitude de garder tous les travaux menés par les jeunes bénévoles avec lesquels je travaille car je sais que tôt ou tard, ces idées montreront leur bien-fondé.
Permettez-moi donc de reformuler celle qui avait émergé et marqué le plus les esprits et que beaucoup de responsables s’étaient engagés à mettre en place.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire: que perdrons-nous à l’essayer ?
Rien !
C’est en ne faisant rien que nous perdons, y compris des vies !
«Les Casquettes Blanches :
Les débordements verbaux nous emmènent sur de fausses pistes : on se trompe de cible si l’on pense qu’interdire les matchs, traiter les jeunes de «sauvages» ou critiquer les forces de l’ordre est la solution à ces maux… La violence de notre jeunesse répond à la violence de notre société. Délaissée, livrée à elle-même notre jeunesse vit les matchs de football comme un moyen d’évacuer son agressivité, de se «venger» du mépris, de l’exclusion qu’elle subit. Toute proportion gardée et bien évidemment sans les mettre au même niveau, le football devient un vecteur d’identification comme le phénomène de radicalisation cherche à l’être. C’est toute une politique qu’il faut (re)penser, tant pour le projet de société que nous souhaitons bâtir, que pour notre jeunesse plus particulièrement. Mais là, il s’agit de répondre à un mal qui tue, de faire en sorte que des gosses ne trouvent plus la mort dans les stades et que le football retrouve sa place, unique, indispensable. Je voudrais donc faire une proposition – simple, peu coûteuse, pratique – qui si elle n’a pas la prétention d’être à elle seule Le remède (elle doit s’accompagner de mesures telles qu’une vraie prévention en amont, l’interdiction d’entrée aux mineurs non accompagnés, etc.) peut contribuer à rendre sa sécurité à ce sport national qu’est le football, lui rendre sa dignité et surtout préserver la nécessaire passion qu’il entraîne sans sombrer dans la violence.
Créons un corps de «casques bleus», plus exactement un «Corps de Casquettes Blanches» composé de joueurs de renom, de parents volontaires, de dirigeants des clubs de supporters, de responsables associatifs charismatiques, de leaders issus des quartiers, de bénévoles… bref de personnes-ressources, de référents, bénéficiant d’une autorité et d’un ascendant naturels et capables d’encadrer les jeunes depuis le trajet en bus, puis dans les tribunes durant le match, et jusqu’au retour dans les familles.
Volontaires formés par des spécialistes – il en existe en Europe qui seraient prêts à nous apporter leur savoir-faire – ces «Casquettes Blanches» seraient à même de déminer les situations de conflit, de «prévenir» les gestes de violence, d’imposer une «discipline du bon esprit» et d’alerter en amont sur des signes d’éventuels débordements… Les grands clubs, la fédération de football, les municipalités, les délégations de la jeunesse et des sports seraient mis à contribution…
Il est urgent d’agir, essayons donc de concrétiser cette proposition, menons-la à bien – d’abord à Casablanca – puis généralisons-la si elle donne ses fruits… Rien ne serait pire que l’inaction et/ou l’indifférence.
Retrouvons l’esprit qui prévalait dans notre société où tout adulte, dans la rue, était responsable du jeune qui commettait une faute, et intervenait.»
Qui entendra ? .

par Ahmed ghayet

Acteur associatif et culturel

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