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France, plus qu’un appel, plus qu’une exhortation… un cri !

© D.R

La communauté que l’on continue d’appeler «issue de l’immigration» n’en peut plus : beaucoup partent et une partie de la jeunesse se radicalise dans la haine et la violence. L’immense majorité qui vit dans la dignité et le respect se trouve amalgamée aux «casseurs»….

Commençons donc par remettre les choses dans un contexte remontant aux années 60 et 70 : La France alors en pleine expansion avait besoin de main-d’œuvre, la solution pour les dirigeants politiques et patronaux a alors été de faire appel à des ouvriers venus du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie…
Et effectivement ils sont venus en masse, les politiques pensaient que ces travailleurs bon marché repartiraient rapidement et les pères eux-mêmes avaient cet espoir de ramasser un pécule pour ensuite «rentrer au pays».
C’était sans compter sans les lois de la vie et de la nature, sans prendre en compte que ces hommes étaient des êtres humains et non des bêtes de somme : ces hommes donc se sont installés durablement, se sont mariés et ont eu des enfants, nous et les générations qui ont suivi.
Il faut rendre hommage à ces parents qui ont quitté leur pays pour un autre dont ils ne connaissaient rien, ni la langue ni les coutumes, qui ont contribué à l’expansion de la France et nous ont élevés dans des conditions difficiles.
Je suis de la deuxième génération, celle des «Black, Blanc, Beur», nous sommes nés et avons grandi en France et même si tout n’a pas été facile nous avons su tirer notre épingle du jeu…Enfants que nous étions, fruit des valeurs que nous transmettaient alors nos parents et de l’école française.
Que se passe-t-il donc aujourd’hui pour que nous en arrivions à un tel niveau de détestation, de violence, voire de haine mutuelle ?
Il faut avant tout dire les choses avec franchise, avec la volonté de trouver des solutions et sans nier les responsabilités des uns et des autres. Et tout d’abord il faut dire bien haut que cette violence est le fait d’une infime minorité, hélas bien plus visible et néfaste que l’immense majorité.
Il y a bien sûr cette sorte de ghettoïsation qui ne dit pas son nom qui fait que des familles «identiques» -vous comprenez bien sûr ce que je veux dire- ont été parquées dans des lieux au ban (banlieues) où la paupérisation des esprits, des mentalités et des espérances a suivi une misère sociale, même si cela ne peut servir d’excuse, cela fait partie des explications.
Il y a cette apparition du Web qui au lieu de tirer ces jeunes vers le haut les a laminés par le bas.
Il y a aussi cette course à la violence verbale chez les politiques où ce sera au plus extrême dans ses propos, au plus martial dans ses attitudes, au plus populiste… et qui se positionnera pour la future présidentielle sur la ligne la plus dure : les mots dépassent toute mesure, toute décence et les excès des responsables alimentent la haine de cette minorité de jeunes tout comme la violence de ces adolescents alimente la surenchère folle des politiques.
Où s’arrêtera cette course folle qui mènera inexorablement à la dislocation de la société française ? Les digues cèdent de plus en plus, des deux côtés, irons-nous jusqu’à la rupture totale ? Tel est bel et bien le risque !
«Barbares» disent les uns, «racistes» répondent les autres : des jeunes se font tuer, des pompiers sont attaqués, des policiers blessés, des familles endeuillées… et des pseudo chaînes d’info, telles CNews, attisent le feu 24 heures sur 24, faisant de toute une communauté le bouc émissaire de tous les maux de la société…
Ne négligeons pas non plus le rôle joué par un certain pays d’origine qui alimente le rejet de la France auprès de jeunes de la 4ème génération, voire le rôle de ces parents qui -consciemment ou non- élèvent leurs enfants dans la détestation de la France où ils sont pourtant nés, où ils grandissent et où ils vivent.
Faites le test et demandez à ces jeunes s’ils seraient prêts à aller vivre dans ce pays de leurs parents où ils ne se rendent même pas en vacances ?
Les propos qui se tiennent sur les chaînes de désinfo sont de véritables appels à la haine, or les paroles arment les bras. Nous voyons le résultat, nous y sommes ! Il s’en faut de peu pour que l’on bascule.
Pourtant malgré tout, la population française essaie de résister -hélas de moins en moins- à la vague de rejet de l’autre, qui veut la submerger.
La communauté que l’on continue d’appeler «issue de l’immigration» n’en peut plus : beaucoup partent et une partie de la jeunesse se radicalise dans la haine et la violence. L’immense majorité qui vit dans la dignité et le respect se trouve amalgamée aux «casseurs»…
Comment en sommes -nous arrivés à ne plus pouvoir célébrer la moindre fête, la moindre victoire sportive ou concert sans qu’une poignée n’en profite pour casser et piller. Le souvenir de la Coupe du monde 98 peuple encore nos mémoires de tant de bons souvenirs.
Je connais tant et tant de jeunes Marocains de la diaspora vivant en France, je connais tant et tant de Français «de souche» – même si cette appellation est péjorative à bien des égards – qui n’aspirent qu’à vivre ensemble et le font d’ailleurs avec bonheur, au quotidien.
Alors collectivement il nous faut réfléchir et trouver des solutions, je n’ai pas de pouvoir en la matière, si ce n’est celui de la bonne volonté, si ce n’est le langage du cœur et la force de la proposition.
Commençons par prendre l’engagement de ne voter pour aucun(e) politique prônant la haine, le rejet, utilisant le racisme comme arme et dressant les uns contre les autres pour mieux régner, non seulement prenons cet engagement mais faisons-le savoir, si l’objectif n’est pas de constituer un lobby du vote, formons une force de non-vote pour cette catégorie de politiques pyromanes.
De l’autre côté isolons ces casseurs du vivre-ensemble, ces fossoyeurs de toute une jeunesse, isolons-les partout et laissons-les aller briser des vitrines et se frotter aux forces de l’ordre seuls, sans la force du nombre, sans la masse des jeunes qui se laissent entraîner dans ces dérives par suivisme, par faiblesse ou par manque de rigueur familiale et éducative.
Isolons les haineux des deux bords qui s’alimentent les uns les autres, commençons par ériger ce cordon sanitaire, il y va du salut de la France que nous aimons !

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