Chroniques

Gaza, un choc mondial

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Cette impuissance ou plutôt ce manque de volonté internationale pour mettre fin à cette guerre transmet un signal encourageant à Israël de continuer sa stratégie de la guerre.

C’est sans aucun doute une des conséquences inattendues de cette guerre que livre Israël contre les civils de la bande de Gaza. Au grand dam de l’Etat hébreu, la préoccupation palestinienne est en train de se mondialiser. Et pour cause. La stratégie militaire de Benyamin Netanyahou de bombarder aveuglément les institutions médicales et les civils palestiniens, avec un ratio de pertes en vies humaines qui dépassent toutes les prévisions, est en train de choquer en profondeur la conscience internationale.

Américains et Européens se trouvent dans un dilemme politique et moral. Comment continuer à soutenir Israël dans sa volonté de se venger du Hamas tout en restant indifférents aux proportions dramatiques que prend cette guerre qui s’installe à la fois dans le temps et dans l’horreur. Comment faire en sorte que le soutien politique et militaire apporté par Washington et Bruxelles à Tel-Aviv ne soit pas interprété dans la réalité comme un feu vert inconditionnel à la politique de la terre brûlée lancée contre Gaza par l’armée israélienne.

Signe que ces paramètres sont intenables, la crise qui a explosé sur l’axe franco-israélien et dont le président français Emmanuel Macron fut un héros involontaire. Voulant prendre un peu de distance et de hauteur, le locataire de l’Elysée avait accordé une interview à la BBC dans laquelle il fait un constat qu’Israël viole le droit humanitaire international. Il demande par ailleurs un cessez-le-feu immédiat pour pouvoir subvenir aux besoins des sinistrés de Gaza. Il est le premier responsable occidental à avoir formulé cette demande.
Les autres se contentent, au meilleure de leurs exigences, de demander des pauses ou des couloirs humanitaires. Cette impuissance ou plutôt ce manque de volonté internationale pour mettre fin à cette guerre transmet un signal encourageant à Israël de continuer sa stratégie de la guerre contre le Hamas aux incommensurables dommages collatéraux sur les civils palestiniens.

Cette position de Macron lui a valu une volée de bois vert en provenance d’Israël dont le leadership ne veut plus entendre parler de cessez-le-feu, tant que, disent-ils, leurs objectifs stratégiques n’ont pas encore été réalisés. Des objectifs aux tonalités contradictoires et apparemment irréconciliables : l’éradication du Hamas et la libération des otages israéliens. Même la presse israélienne émet de sérieux doutes quant à la faisabilité de cette vision militaire.

La nouveauté aujourd’hui qu’imposent à la fois la durée de ce conflit et les morts et destructions gratuites qu’il provoque est qu’il est en train de provoquer un choc mondial. Des manifestations monstres sont organisées aussi bien en Europe qu’en Amérique. Leur importance, leur régularité modèlent les opinions et constituent à n’en pas douter un élément de pression sur les autorités politiques américaines et européennes. Face à ce qui s’apparente à une stratégie génocidaire avec une volonté manifeste de transférer la population palestinienne de Gaza vers le Sinaï égyptien, ces pays occidentaux dont le réflexe premier est de soutenir Israël dans sa volonté de représailles ne peuvent continuer à adopter la politique de l’autruche.

Le sang palestinien qui déborde gratuitement sur les écrans du monde et les réseaux sociaux ne peut demeurer sans effet sur la conscience mondiale. Récemment en Arabie Saoudite, les mondes arabe et musulman avaient adressé à la communauté internationale une sérieuse alerte sur la gravité de la situation. Tout en privilégiant la raison et le compromis, ces pays demandent aux puissances qui offrent un soutien et un encouragement à Israël pour qu’il continue dans cette stratégie de destruction de civils palestiniens, une révision de leur approche. Cette guerre ne s’arrêtera que lorsque ces pays qui offrent soutien politique et militaire à Benyamin Netanyahou revoient leurs choix et font pression vers un arrêt des hostilités.

Aujourd’hui la plupart des commentaires dans la presse mondiale qui accompagnent cette crise insistent sur le fait qu’il faut tout faire pour éviter un grand enlisement. Toute la question aujourd’hui est de savoir si ces prises de positions d’alertes, d’avertissements, dans la presse et à travers les multiples manifestations, populaires et politiques, vont finir par se traduire en dynamique diplomatique qui mettrait la communauté internationale dans une logique de pression sur les partenaires de cette guerre pour la stopper immédiatement.

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