Chroniques

Gaza : Une catastrophe humanitaire

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Depuis le 7 octobre 2023, la bande de Gaza vit au rythme des bombes, des obus, des missiles, des balles qui sifflent, des ruines, des cadavres et du manque de tout : eau, électricité, produits alimentaires de base, soins, ambulances… Sans oublier les aides humanitaires qui arrivent au compte-goutte à cause du blocus de l’armée israélienne. Cette situation a déjà causé une terrible catastrophe humanitaire.

Nous sommes à cinq semaines depuis l’éclatement de la guerre dans la bande de Gaza et l’invasion des territoires palestiniens par l’armée israélienne. Une guerre qui n’en est pas une stricto sensu, car pour que l’on puisse parler d’une guerre, il faut au moins deux armées, et à armes égales. Ce qui n’est pas du tout le cas en Palestine, avec une population livrée à elle-même et une armée qui compte parmi les plus puissantes du monde aujourd’hui. Une armée surentraînée, suréquipée et qui bénéficie du soutien des USA et de l’Union européenne qui lui livrent des armes sophistiquées pour contrer les missiles du Hamas. Ceci d’un côté, d’un autre les réalités du terrain sont limpides : plus de 12 000 morts et des dizaines de milliers de blessés, des civils qui sont considérés sommairement comme des dégâts collatéraux. De vieilles personnes, des enfants, des femmes, des bébés, avec des hôpitaux bombardés et des unités de soins sous blocus, sans moyens pour secourir les survivants et les rescapés de cette guerre totale livrée par Israël contre les populations palestiniennes, avec, à terme, vider la bande de Gaza de tous les Palestiniens en poussant tout le monde à l’exil forcé. Ce qui a déjà atteint des proportions inquiétantes, puisque des centaines de milliers de personnes ont été déplacées malgré elles laissant derrière elles maisons et biens. Cette réalité porte un nom : nettoyage ethnique. Et le régime de Benyamin Netanyahou ne s’en cache pas : l’objectif est d’en finir avec la présence palestinienne dans la région. C’est d’ailleurs ce qui explique cette escalade qui n’est pas venue du néant. Il y a un plan, il y a une stratégie, et les responsables israéliens sont en train de l’exécuter. Peu importe le nombre de morts. Peu importe la durée de cette guerre. D’ailleurs, le Premier ministre israélien répète en boucle que cette invasion va durer longtemps. Autrement dit, cette fois, Tel-Aviv va au bout de son projet initial : occuper de manière définitive tout le territoire palestinien et ne laisser aucun centimètre aux Palestiniens. Ceux-ci peuvent bien aller ailleurs : le désert du Sinaï, une idée posée sur la table et qui fait son chemin. Ils peuvent rejoindre les camps de réfugiés en Jordanie, comme c’est déjà le cas. Ils peuvent également se perdre au Liban, déjà secoué par de graves crises internes. Ou alors espérer que l’Égypte les reçoive, sauf que Le Caire ne peut intégrer des millions de réfugiés, elle qui vit sous perfusion. Quel sort pour les Palestiniens aujourd’hui ? Faire face ? Comment ? Avec quels moyens ? Avec quel soutien ? Tous les indicateurs sont au rouge et montrent que la situation est une équation à zéro inconnue : la Palestine semble déjà condamnée à ne jamais avoir sa terre. Elle peut espérer, elle peut attendre, mais c’est un mirage qui pointe dans un horizon oblitéré. Avec une Autorité palestinienne moribonde et à bout de souffle, avec des conflits intestins graves, avec des dissensions et des guéguerres de pouvoir, le peuple palestinien semble avoir déjà perdu la bataille. Quant à la guerre, il n’en a pas les moyens. Il se fait écraser sur les décombres et compte ses morts. Le rouleau compresseur de Tsahal lui roule dessus et lamine toute forme de résistance de la part d’une population sans ressources, qui agonise aux yeux du monde. Une communauté internationale qui, dans sa majorité, s’est alignée sur le soutien inconditionnel de Washington, qui oppose son veto à toute résolution contre Tel-Aviv. Argent, budgets conséquents, aides militaires, aides matérielles, aides technologiques pour exterminer des Palestiniens qui n’ont même pas d’eau à boire. Dans une large mesure, ce que vivent les Palestiniens est pire que ce que les Arméniens ont vécu, que ce que les citoyens juifs ont pu endurer sous la machine nazie. Pourtant, ce peuple qui a payé un lourd tribut à la barbarie et au fascisme répète l’histoire et recycle de manière terrifiante de noirs épisodes de l’Histoire récente d’une humanité amnésique montrant à quel point il est vérifié que l’Histoire ne se répète jamais, mais que ce sont les hommes qui refont toujours les mêmes crimes.

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