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Hooligans, voyous, vandales… certes, mais ils sont nos enfants !

© D.R

Toute une partie de notre jeunesse pousse comme une herbe folle, en ce sens qu’elle grandit seule, sans tuteur, sans engrais, sans jardinier, sans entretien…
Elle grandit seule, livrée à elle-même et à tous les démons que l’oisiveté et l’absence de perspectives peuvent engendrer.
Après tout, qu’a-t-elle donc à perdre, elle qui n’a rien !

Les événements qui ont eu lieu lors du match entre le MAS et les FAR à Rabat, en sont une preuve supplémentaire, la violence – notamment contre les forces de l’ordre- était extrême, les dégâts considérables et le « jusqu’au boutisme» de ces jeunes aurait dû alerter l’ensemble des responsables de notre Pays -je devrais dire l’ensemble de notre société- et ne pas faire seulement les Unes de la presse et la mobilisation des forces de l’ordre.
Malheureusement l’onde de choc passée, il semble que plus personne ne se penche sur les solutions, les remèdes à apporter.
Car si les noms pour qualifier ces jeunes n’ont pas manqués : hooligans, voyous, sauvages, vandales…à aucun moment je n’ai entendu quelqu’un dire qu’ils sont nos enfants ! Or que cela plaise ou non, ils le sont, il n’y a d’autre solution que de le reconnaître et agir en conséquence.|
Ceux qui me connaissent, qui connaissent le travail que nombre de jeunes militants associatifs et moi-même menons sur le terrain, les actions que nous mettons en œuvre, qui connaissent mes écrits tant ici dans mes chroniques, que sur les réseaux sociaux ou à travers mes ouvrages me rendront justice en avouant que ce n’est pas faute de tirer la sonnette d’alarme…
Et depuis bien longtemps !

Hélas, trop peu de personnes comprennent qu’il y a urgence, en fait peut-être même avons-nous dépassé le stade de l’urgence et avons-nous atteint celui du danger.
Danger pour ces jeunes eux-mêmes dont toute une partie est exclue de tout mécanisme d’insertion, mais danger aussi pour notre société, notre sécurité et le développement du pays lui-même.
J’ai coutume de dire que notre jeunesse sera un formidable levier de progrès si nous savons l’associer mais sera un clou dans notre chaussure si nous la maintenons «en marge».
La violence des actes devient de plus en plus inquiétante, mais le dire et le dénoncer n’est pas la solution, les causes nous les connaissons : marginalisation, chômage, désœuvrement, drogue, perte de repères, perte d’espoir, désamour… et même s’il est vrai que le phénomène est mondial, des raisons spécifiques à notre société existent pourtant.
Je sais que d’aucuns me reprocheront encore d’être indulgent avec cette jeunesse, de trouver des excuses à ses comportements, ce qui est faux, je ne cherche pas d’excuses, je cherche des propositions, des solutions, des remèdes à ses maux.

La répression ?! bien sûr, elle est indispensable mais elle ne saurait se suffire à elle-même.
Prévention, écoute, actions, éducation, formation, concret, encadrement, perspectives… sont
des mots clés s’ils sont suivis d’actes.
Au risque d’être un peu long, je voudrais reprendre ici quelques unes des propositions que nous avions rédigées avec des jeunes engagés, et qui sont plus que jamais d’actualité :
PROPOSITIONS POUR AGIR ! Lutter contre l’insécurité implique d’agir en amont pour insérer socialement nos jeunes. Bien sûr cela passe par l’éducation, la transmission de valeurs, la formation, puis l’emploi… Mais pas seulement : la culture, les loisirs, le sport, les activités favorisant la vie en société…sont indispensables.
– Ainsi il est possible de recenser les locaux inusités dans les quartiers et les mettre à la disposition des associations de jeunes pour leurs activités d’animation…Il est tout aussi réalisable d’utiliser les locaux scolaires (préaux, cours, terrains de sport) au profit de ces associations, durant les week end et les vacances scolaires. En contrepartie celles-ci se chargeraient de la propreté des lieux et de faire bénéficier les élèves de leurs activités péri-scolaires.

– Dans nos quartiers les jeunes sont livrés à eux-mêmes, en manque de repères…ils ont besoin d’encadrement, d’accompagnement et de modèles identificateurs : formons des Educateurs de rue, des jeunes Médiateurs, des animateurs, les missions ne manquent pas : accompagnement des jeunes dans leur scolarité (aide aux devoirs, suivi, aiguillage, lutte contre l’absentéisme…) . Aide à la résolution de mini-conflits (voisinage, querelles entre jeunes, nuisances nocturnes…). Information et orientation des jeunes sur les questions de santé, de tabagisme, MST, drogues…)
– En matière d’emploi également des mesures destinées à ces jeunes, passés à travers les mailles de tout «filet» sont possibles. Chômage oblige, l’éthique du travail se dégrade, nombre de jeunes trouvant un emploi trébuchent par faute d’éducation et d’endurance au travail. Pourquoi dès lors ne pas proposer pour tout jeune le souhaitant, de se mettre au service d’une association reconnue et d’obtenir une formation gratuite ainsi qu’une attestation lui donnant une possibilité d’embauche dans l’une des entreprises qui accepterait de s’engager dans cette forme de « contrat social ». Outre une sensibilisation au travail associatif, au dépassement de soi ce « Contrat » aurait pour objectif principal l’insertion professionnelle. Etc…etc…
– Nous avons ainsi rédigé tout un document de propositions concrètes sur le court et le long terme.

Pour notre part, avec les jeunes de Casa, Marrakech, Oujda, Fès, Rabat, Essaouira, Mohammedia, Oujda…nous lançons deux initiatives, ainsi en Mai prochain 50 jeunes de quartiers populaires seront formés aux techniques d’animation socio-culturelle et d’encadrement de la jeunesse par un organisme français réputé : les CEMEA, grâce à un partenariat novateur avec l’Ambassade de France.
Diplôme à la clé !
Une Première !
En même temps une très belle manifestation menée de bout en bout par des jeunes est en préparation.
Innovante, inspirée du travail des abeilles…j’y crois beaucoup…
Je vous donne son nom en avant-première : LE REZ’O. Et vous en parlerai très vite.
C’est par la prise en mains des choses par la jeunesse elle-même, épaulée, aidée, soutenue, reconnue…que nous réussirons, je continuerai à le prêcher et à le pratiquer !

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