Le judo national est au bord du gouffre. Fera-t-il un pas en avant ? C’est ce qu’on peut déduire de la piteuse prestation de notre sélection lors du championnat du monde qui vient d’avoir lieu à Osaka. Près d’une quarantaine d’Associations affiliées à la Fédération de tutelle ont signé une pétition dénonçant l’anarchie qui caractérise la gestion d’un art martial qui, jusqu’ici, tenait honorablement la route par rapport aux pays arabes et africains. Tout cela parce qu’un directeur technique national se considère au-dessus de l’intérêt du sport national et se prend pour le propriétaire exclusif de la discipline. Du coup, il fait savoir à qui veut l’entendre qu’il est inamovible !! Un comportement qui rappelle des temps révolus. Le DTN est seul maître à bord pour décider qui mérite de défendre les couleurs nationales et qui ne le mérite pas. Adil Belgaïd, le champion marocain de judo, fut exclu de la sélection nationale sans même en être informé. Subitement, il s’est trouvé devant le fait accompli alors qu’il se préparait rigoureusement et attendait justement beaucoup du championnat du monde d’ Osaka. Revenir sur les raisons de cette exclusion pour le moins ingrate serait pure redondance. La Fédération Royale Marocaine de Judo a décidé de suspendre Belgaïd de toute activité fédérale jusqu’à nouvel ordre pour attaques virulentes et injustifiées à l’égard du même directeur technique national. Comme si notre pays est stérile et serait incapable d’engendrer d’autres compétences. Celui qui est DTN depuis près de vingt ans, qui se croit unique connaisseur et décideur, a jugé que notre champion ainsi, que d’autres sont «out». Il les a privés de leur devoir de représenter dignement leur pays. Et pourtant Adil Belgaid est connu depuis des années pour être la locomotive du judo national. Une attitude ingrate dont les effets ont commencé à se faire sentir. Allez parler aux judokas nationaux, ils ont beaucoup sur le coeur. Vous êtes un judoka compétent, et plusieurs fois champion du pays, du continent et de la région. Mais gare à la colère du DTN, elle est plus à craindre qu’une humiliation du judo national, même si des philosophes japonais affirment que la colère est la forme commune des passions dans leur paroxysme. De toutes les passions, même la peur. Et c’est là qu’on peut voir comment l’homme arrive vite à oublier son intérêt prudemment calculé, et même sa propre conservation. Il est ordinaire qu’une colère, même née de petites causes, nous porte à des actes extravagants, comme de mentir pour souiller une réputation, briser une carrière, et même injurier les fondements même de l’intérêt du sport national. Il est temps de remédier à ce laxisme qui met le destin de plusieurs générations sur lesquelles la nation compte, entre les mains de gens dépourvus du moindre sens de responsabilité. Pour eux, le mot devoir est insignifiant. C’est une chose triste, laide, inventée pour abêtir et duper les hommes. À les entendre, le mot est disgracieux. Il éveille la contrainte, l’ennui. Il n’y a que les sots pour le prendre au sérieux. Mais pour une certaine catégorie de gens, au-dessus du devoir, il y a le bonheur personnel. Dans ce cas, il n’y a qu’une seule façon pour qu’ils assument leurs devoirs : accepter de subir même ce qui leur est désagréable : «Si tu veux être sûr de toujours faire ton devoir, fais ce qui t’es désagréable», indique la voix de la sagesse.