Chroniques

Hors-jeu : Concurrence déloyale

Ceux qui s’attachent aux banalités deviennent rapidement insensibles à l’aspect noble des choses de la vie. Alors qu’il était attendu en France pour discuter de problèmes socio-économiques et des relations bilatérales, le président sud-africain, Thabo Mbeki, a donné la priorité à autre chose. À la candidature de son pays à l’organisation du Mondial 2010. La confirmation émane de la bouche même de Jacques Chirac. Cela a dû être gênant pour le président français qui, en fin diplomate comme à son habitude , a promis de tenir «le plus grand compte» du souhait de l’Afrique du sud. Le harcèlement du chef de l’Elysée par les sud-africains a commencé dès le 12 octobre, au lendemain de la fameuse déclaration, spontanée tout en étant réfléchie, de M. Chirac lors de sa visite à Rabat. M.Mbeki a été apparemment satisfait de la promesse de «prise en compte». Pour le successeur de Nelson Mandela, le président français «a bien répondu». La quête primordiale de Thabo Mbeki a été synchronisée avec la tournée de Franz Beckenbauer qui a effectué une visite à Soweto. La presse locale n’appelle le Kaiser que par son titre de président de comité d’organisation de la coupe du Monde 2006. Avec un brin de fierté à peine dissimulé. Et pour cause. Le Beckenbauer en question, après un «Private meeting» avec Nelson Mandela, a franchement déclaré aux sud-africains qu’il était confiant (pour peu il serait certain même) que le pays du cap abritera l’édition 2010 du Mondial. Quoi de plus rassurant qu’une prédiction d’un dieu du foot ? Les vociférations multimédias de l’Afrique du Sud sont donc infondées. Il n’y a pas de quoi fouetter un chaton. Il est vrai que la source désapprouve presque toujours l’itinéraire du fleuve. Avec ses interminables atouts, l’on se demande pourquoi l’Afrique du Sud ne rate aucune occasion de manifester ses inquiétudes qui deviennent de plus en plus incontrôlables. Mais gare à l’excès de confiance. Plusieurs cordes dans le même arc risquent d’embrouiller le tireur, il ne pourra plus viser. D’autant plus que l’association Maroc 2010 ne fait pas dans le spectaculaire. Sûrs de la mobilisation nationale, les responsables de la candidature marocaine et à leur tête Saâd Kettani travaillent dans la discrétion. Le président de Maroc 2010 effectue une série de voyages dans les pays d’Amérique du sud, dans le Golfe, en passant par l’Europe, sans que ce périple ne soit médiatisé. La base du caractère humain est sa force morale. Le degré de la volonté ou de l’énergie met entre les hommes la même distance que celle de la force physique entre les animaux. Sous ce rapport, un homme peut être à un autre homme (comme un Etat à un autre ou une association à une autre) ce qu’un rat ou une belette est à un lion. Ignorant l’intérêt malveillant que la presse sud-africaine suscite à son égard, le Maroc candidat pour 2010, poursuit son bonhomme de chemin. La loterie plaît, parce qu’elle tire l’inégalité de l’égalité tandis que l’assurance déplaît car elle fait justement le contraire.

Articles similaires

Chroniques

Le Polisario, un poison africain

Que ce soit sur le plan diplomatique ou sportif, le Polisario pose...

AutreChroniques

Santé mentale et pouvoir d’achat

Il nous faut faire de la santé mentale des Marocains une priorité...

Chroniques

Chère prise de parole en public

Pour prétendre à te prendre en public, toi chère prise de parole...

Chroniques

Une véritable transformation et évidence du paysage socio-économique

Le rôle incontournable de la femme ingénieure au Maroc

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus