Chroniques

Hors-jeu : Gouverner, c’est prévoir

L’information paraît surprenante à première vue. Mais elle ne l’est certainement pas quand on scrute son horizon et quand on en connaît les tenants et les aboutissants. C’est vrai que l’on sursaute quand le plus grand club du monde, le Réal Madrid, décide de créer une école de football à Tanger. On se pose aussi beaucoup de question sur le choix de la ville du Detroit alors que les dirigeants madrilènes pouvaient créer des écoles dans la banlieue de la capitale espagnole. Des structures qui sont destinées, bien sûr, à renforcer davantage sa célèbre et prestigieuse école de football qui a formé des grands noms du football espagnol.
Les promoteurs de ce projet évoquent certes la proximité géographique, l’engouement des habitants du Nord pour la Ligua et surtout les énormes potentialités que recèle la région. Il ne faut pas être un sorcier pour comprendre que c’est surtout ce dernier point qui pousse les dirigeant du Réal à investir dans la riche et inexploitée industrie du football nationale. Le Réal est une grande entreprise, voire une multinationale dirigée par des gestionnaires attitrés qui n’entreprennent rien sans être sûr de sa rentabilité. Aussi quand ils investissent le marché national de la formation des footballeurs, c’est qu’ils savent pertinemment qu’il contient d’énormes ressources inexploitées ou mal exploitées. Ils savent surtout que l’Etat et nos clubs investissent peu ou prou dans ce sport. Mais ils ont constaté de visu que malgré ces multiples carences, le football national a pu percer à l’échelle internationale et arrive surtout à exporter des valeurs sûres en joueurs talentueux. Ce faisant les Madrilens ont raison de profiter de l’aubaine pour constituer une autre relève à partir de la pépinière marocaine. Le choix est judicieux et cela nous rappelle le regretté entraîneur, Bouchaib Ghalmi, qui soutenait cette même thèse de son vivant. Ce grand entraîneur qui a été rappelé à Dieu alors qu’il était encore jeune aimait à paraphraser le célèbre aviateur et écrivain Saint-Exupéry.
L’aviateur français disait en survolant le Sahara africain combien de Mozart cachent ses dunes et ces sables inexploités en ressources humaines? Bouchaib Ghalmi disait toujours’ combien notre pays de Tanger à Lagouira, recèle de joueurs talentueux comme Benbarek?». Les dirigeants du Réal Madrid donnent, aujourd’hui, raison à cet entraîneur visionnaire en venant chercher le produit brut à Tanger pour le transformer et l’importer. Ils donnent tort, en même temps, aux dirigeants de notre football qui se complaisent dans une autosatisfaction contradictoire avec la réalité amère de ce sport. Celle de ne rien entreprendre pour assurer la relève tout en courant derrière des résultats positifs pour conforter leur illogisme. Pourtant l’équation est simple : gouverner, c’est prévoir.

Related Articles

Chroniques

«Pluriel», ce mot devenu concept

Le mot Pluriel a conquis ses lettres de noblesse, mieux il est...

Chroniques

Le Polisario, bientôt une organisation terroriste?

La décision de classer le Polisario dans la liste des organisations terroristes...

Chroniques

Quand l’homme se tait et que la machine parle

La justice n’est pas une science exacte. Elle a besoin de chair,...

Lire votre journal

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus