Plus de la moitié des seize pays qui évoluent en Tunisie dans le cadre de la CAN 2004 sont entraînés par des techniciens européens. Mais ce sont les cadres Français qui sont manifestement présents lors de cette 24ème édition. L’école française est ainsi particulièrement bien représentée. Il est vrai que l’exploit de l’équipe de France en Coupe du monde, en 1998, n’est pas étranger à ce regain d’intérêt comme l’affirment les intéressés, mais c’est très probablement le phénomène Bruno Metsu qui se trouve derrière l’engouement récent des fédérations africaines pour les techniciens de l’hexagone. Metsu avait réalisé en effet un grand succès avec les Lions du Sénégal lorsqu’il a réussi en 2002 à conduire les Lions de la Teranga à sa première Coupe du monde en Asie où l’équipe du Sénégal a été quart-finaliste et à leur première finale en CAN. L’image du «modèle français» est désormais façonnée. Mais attention, prévient Jean-Paul Rabier, si ces entraîneurs sont surtout sollicités par l’Afrique francophone, où l’adaptation «est un peu plus facile » pour eux, il n’en demeure pas moins que le résultat compte beaucoup. S’il n’y a pas de bons résultats assure Rabier on ne reste pas à son poste. Ce qui laisse entendre que rien n’est jamais gagné d’avance. L’acharnement sur soi-disant des entraîneurs hautement qualifiés (toujours sur le papier) qui touchent des salaires dont ne peuvent rêver les cadres locaux même s’ils sont formés dans les meilleures écoles européennes et particulièrement les deux écoles, française et allemande, ne garantit pas pour autant la sortie de l’impasse. Le Cameroun avec sa pléiade de stars professionnelles et un entraîneur allemand hyper-vaniteux n’a pas été capable de venir à bout d’une Algérie qui est loin de son âge d’or, et qui est de surcroît entraînée par un fils du pays, en l’occurrence Rabeh Saâdane. Le plus souvent, quand le succès ne suit pas, la parade est confectionnée d’avance.
Même les joies que procurent les bons résultats, n’éliminent pas les défis qui restent énormes pour les techniciens européens. Pourquoi ? Parce qu’ils évoluent souvent dans des pays où les infrastructures et les moyens financiers sont très en deçà de ceux qu’ils ont connus dans leur pays d’origine. D’où un grand problème d’adaptation. Cette justification somme toute illogique ne profite pas à l’entraîneur local fût-il formé dans les meilleures écoles européennes. Le cadre local doit donner satisfaction quelles que soient les circonstances, et encore, il n’est jamais payé à la même échelle que son confrère venu d’ailleurs. A la moindre défaillance, il est jeté en pâture aux critiques et aux attaques les plus acerbes.
D’aillleurs le Nigeria envisage de changer son entraîneur après seulment une défaite contre le Maroc.
Ce n’est jamais gagné tant que ce n’est pas gagné avait répliqué une fois le sélectionneur national Badou Zaki quand on le montrait comme quelqu’un qui ne ferait jamais l’affaire.