Le président de la fédération royale marocaine de football (FRMF), M Housni Benslimane, n’est aucunement un intrus dans le domaine comme le sont beaucoup de ses collaborateurs. Ex-footballeur et ex-athlète, cet homme est un passionné du sport et possède une bonne culture. Personne ne doutait des compétences et des bonnes intentions du président.
Personne ne craignait qu’il soit là pour un quelconque intérêt personnel. Housni Benslimane, en tant que haut gradé militaire, a gravi tous les échelons pour devenir Général de brigade puis Général de corps d’armée.
Il n’avait donc pas besoin d’un coup de pouce pour arriver à ses fins, et s’il a pris les commandes de la fédération, c’est en tant que volontaire. Mais, comme il fallait s’y attendre, il ne suffit pas à une armée d’être commandée par un bon stratège pour gagner une guerre si les troupes ne sont pas disciplinées. Or les troupes de la fédération étaient trop dispersées dans leurs idées, leur mentalité et leur comportement pour qu’elles puissent faire un seul bloc derrière leur commandant. D’autant plus que ce dernier a commis une erreur en procédant à la désignation et non pas à l’élection des membres fédéraux. Peut-être que le président de la FRMF a tablé sur l’expérience de ses collaborateurs, alors qu’il fallait surtout mettre à contribution leur compétence. Ce qui ne fut pas le cas, et au fil des ans il a dû découvrir qu’il ne pouvait pas compter sur un groupe dont les membres passaient tout leur temps à dégoupiller les grenades pour décapiter l’un des leurs.
Il est certain que le Général a eu beaucoup de courtisans, de zélateurs et de délateurs au sein d’un bureau fédéral atomisé par la médiocrité et les coups bas de ses membres. Il est tout aussi certain que le président, trop pris par ses lourdes charges officielles, n’a pas eu toute la marge de manoeuvre pour arrêter cette hémorragie. Autant sa position au sommet de la hiérarchie lui permettait de résoudre beaucoup de problèmes de notre football, autant sa stature d’homme intouchable l’a beaucoup desservi. Il lui suffit de passer un coup de téléphone à un ministre ou un Wali pour régler un problème insoluble ou réserver un avion spécial à un club. Mais il est aussi clair que l’absence d’une délégation de son pouvoir au sein de la FRMF oblige les gens à ne pas évoquer des lacunes et irrégularités devant le Général.
Personne n’a osé dire, par exemple, au président Housni Benslimane qu’il dirigeait une fédération dont les membres ne sont pas élus. Personne n’a osé lui dire qu’il est anormal que la fédération n’ait pas tenu d’assemblée générale tout comme le comité olympique qu’il dirige. Et pourtant tous ses proches ou ceux qui l’ont côtoyé de près louent ses qualités humaines, notamment en venant au secours de plusieurs sportifs en détresse. Mais cela a-t-il suffi pour sortir notre football de l’ornière ? Négatif !