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Hors-jeu : Le sport en sursis

L’attente est longue. Languissante, inquiétante, déroutante et passible des supputations les plus extravagantes et des interrogations les plus contradictoires. Notre sport a été jugé devant une juridiction exceptionnelle et le procès s’est passé à huit clos sans que l’on ne sache les chefs d’accusation qui pèsent sur lui. Ce que l’on sait, c’est que le verdict a été sévère puisque le sport a été condamné à l’immobilisation totale jusqu’à nouvel ordre.
C’est pire qu’une peine de réclusion déterminée ou même à perpétuité car dans ce cas au moins l’accusé est mis au courant de son sort. Ce faisant toute la famille sportive est inquiète du sort réservé à l’un de ses proches et se sent orpheline même s’il sait que le sport n’est pas mort. Personne au sein de l’appareil exécutif et au Parlement n’a daigné rassurer cette grande famille sur ce qui adviendra de notre sport.
Le Premier ministre, Driss Jettou, dans sa réponse aux interventions des députés sur la déclaration gouvernementale n’a pas pipé mot sur le sport. Il faut dire qu’il a été encouragé en cela par nos honorables élus qui ne l’ont pas questionné sur ce sujet qu’ils ont toujours d’ailleurs ignoré. Ce faisant notre sport marche comme à la roulette russe, c’est à prendre ou à laisser, à perdre ou à gagner, à capitaliser à ou à solder. Toutes les hypothèses sont possibles sauf que cet attentisme et ce flou total n’ont pas raison d’être dans ces temps où le dynamisme gouvernemental se veut rénovant, rigoureux et pratique. Sauf que le sport ne peut se pratiquer au hasard sans politique définie et sans instance supérieure sinon on le laisserait entre les mains de ceux-là même qui l’ont condamné à la condamnation. Ces dirigeants séviront encore davantage en l’absence de toute instance de contrôle et de régulation ou de ministère comme le département défunt. On ignore tout sur les intentions du gouvernement qui semble avoir pris la dissolution du ministère du sport dans la précipitation sans envisager une solution de rechange.
Sinon il ne se serait pas noyé dans ce mutisme dérangeant qui met tout le monde sportif dans une terrible expectative alors qu’on s’approche de grandes échéances. Notre sport qui marche depuis longtemps à coups de comités provisoires avec tout un cumul des déboires à toutes les échelles n’a pas besoin de cette situation tout aussi dangereusement provisoire.
Le Maroc est candidat à l’organisation de la coupe du monde 2010, la coupe d’Afrique de football, les championnats du monde d’athlétisme, les jeux olympiques ne sont pas loin pour que l’on ne commence pas à s’inquiéter. Jusqu’à quand le gouvernement va-t-il garder le sport en détention provisoire alors que le durable est devant nos portes?

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