Chroniques

Hors-jeu : L’envie de jouer

La FIFA et certains observateurs avertis du football semblent avoir découvert la raison qui a fait que les petites équipes ont supplanté les grandes. La cause des surprises de ce mondial est ainsi analysée : la fatigue et les blessures des joueurs sont dues aux calendriers surchargés des championnats. Aussi le responsable du dossier médecine à la FIFA tentera-t-il d’estimer le nombre de matchs qu’un footballeur peut raisonnablement jouer. Une étude est engagée dans ce sens, mais elle risque de ne pas aboutir à des conclusions concrètes.
Ce même responsable reste en effet sceptique quant à la viabilité de cette étude : «la réponse à ce problème ne peut être uniquement scientifique. La médecine peut seulement aider à trouver une solution ». C’est dire que le mal est ailleurs que dans la fatigue des stars comme Zidane, Figo, Berkham. Ce n’est pas ce facteur qui est la principale cause de l’élimination de la France et de l’Argentine car beaucoup de petites équipes sont composées de professionnels qui évoluent dans les championnats européens. L’équipe du Sénégal n’est –elle pas composée d’une majorité de professionnels qui évoluent dans le championnat français ? Il est anormal qu’ils soient moins fatigués que les joueurs français puisqu’ils sont à égalité de matchs joués. Aussi faut -il chercher ailleurs les raisons de la régression du football européen, voire sud américain. Encore faut-il admettre que les ex-barons du football mondial puissent admettre que le football africain a trop progressé pour qu’il puisse rivaliser, à armes égales, avec le leur. Après l’élimination de la France au premier tour, les analystes et autres connaisseurs de l’hexagone, ont eu le mérite de toucher au coeur du problème. La starisation excessive des footballeurs professionnels et les montants mirobolants qu’ils touchent en salaires et autres sponsorings leur a fait oublier l’essentiel : l’envie de jouer au football. Il est inconcevable que le montant de transfert des joueurs aussi ordinaires que Zidane et Figo aient atteint des sommes astronomiques jamais égalées.
Le problème ne réside pas dans le nombre de matchs qu’ils ont joués en une année, mais dans le montant perçu comme primes, salaires et commissions des multinationales dont ils vantent l’image. Quand un joueur devient milliardaire et célèbre d’un jour à l’autre, il se blesse dans son envie de jouer. Et c’est justement le plaisir de jouer qui a fait pencher la balance en faveur des sénégalais, des Japonais, des Turcs et les autres dans ce Mondial asiatique.

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