Chroniques

Hors-Jeu : Les transfuges du sport

Alors qu’elles étaient attendues pour un tournoi organisé à Coimbra en Portugal, huit des treize joueuses de l’équipe nationale du rugby féminin se sont tout à coup volatilisées. Elles auraient profité d’un moment d’inattention de leur entraîneur qui achetait les billets d’autocar au port d’Algésiras pour se perdre dans la nature. Le pauvre entraîneur n’a trouvé d’autre choix que de contacter l’équipe portugaise pour lui annoncer la mauvaise nouvelle et annuler le match. Et dire que l’équipe de Coimbra était fière de se mesurer à l’unique équipe du genre dans le monde musulman qui l’avait si chaleureusement accueillie à Rabat, quelque temps auparavant. C’était il y a quelques mois. Mais ce genre d’opération spéciale est devenue coutume depuis des années. Lors du Championnat universitaire du monde du Cross country qui a eu lieu en Espagne, neuf membres de la sélection nationale, cinq femmes et quatre hommes, avaient disparu. Neuf éléments de la sélection nationale du rugby avaient fait de même en France. Quatre coureurs ont fui lors d’un passage en Irlande. Des joueurs de l’équipe de Settat avaient littéralement pris leurs jambes à leurs cous lors de la participation de leur équipe dans un tournoi amical de football au Canada en 2000 et ainsi de suite. C’est un phénomène grave qui est en train de se banaliser. L’on commence même à parler de l’existence d’un réseau spécialisé qui facilite la fuite ou, pour ainsi dire, l’immigration illégale de talents sportifs qui reviendraient à très bon prix pour le pays d’accueil !! Coincés dans un pays étranger, ils accepteraient d’enfiler n’importe quelle couleur pourvu que leur situation soit régularisée. Du talent bon marché, quoi. Mais ce ne sont que des dires. Toujours est-il que ce «hrig» en tenue de sport est une honte pour notre pays. Trois joueurs du FUS de Rabat, Amine Boudi, Youssef Rebbah et Faouzi Ichou ne se sont pas présentés à la séance d’entraînement mardi dernier. Alors que leurs coéquipiers s’entraînaient, ils étaient tous les trois à bord d’un avion en direction du Qatar en quête d’un avenir meilleur. Et tout aussi récemment, la boxeuse Latifa Jari vient de fausser compagnie à la délégation marocaine qui se trouvait à Trelon dans la banlieue de Lilles en France. Les responsables de la délégation avaient pourtant les yeux et les oreilles bien en éveil pour parer justement à un incident du genre en pratiquant un « marquage individuel’ très serré autour des neuf boxeuses composant la sélection nationale. Latifa , après seulement un unique combat contre une boxeuse de l’équipe de France, passe à l’action. De retour à l’hôtel, elle demande à passer un coup de fil du taxiphone. En un temps record, elle déjoue la surveillance et se faufile par la porte de derrière pour disparaître dans la nature. La délégation marocaine n’a pu qu’alerter la gendarmerie française de la volatilisation de Latifa. Entre ceux qui dénoncent cet état de choses et ceux qui essaient de comprendre l’acte des «transfuges », la cassure est nette. Tout compte fait, un Marocain jouant dans en pays du Golfe est moins voyant qu’un Kenyan évoluant sous les couleurs danoises en athlétisme.

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