Le match du groupe A qui a opposé l’Algérie au Liberia a été plaisant sur tous les plans. Il fut, jusqu’ici, la meilleure rencontre de la CAN tant par la qualité du jeu des deux équipes que par le nombre de buts marqués.
Le suspense a duré jusqu’à la dernière minute du temps additionnel quand les Algériens ont inscrit leur but d’égalisation (2 à 2). Les 22 joueurs ont donné tout ce qu’ils pouvaient avec un esprit de groupe et de solidarité qui leur fait honneur. Ils sont tellement méritants que la situation politique dans leurs pays respectifs est instable pour qu’ils arrivent à développer un football aussi inspiré. Ce qui force davantage le respect, c’est que les deux équipes sont entraînées par des nationaux en l’occurrence Georges Weah et Rabeh Madjer.
Comme quoi les joueurs professionnels peuvent beaucoup donner quand ils se convertissent en entraîneurs. Avis aux amateurs… marocains. Il est heureux que l’Algérie qui est minée par une guerre civile larvée puisse donner, dans ces conditions, une équipe aussi compétitive. Il n’est pas surprenant, par contre, que cette sélection affiche une belle cohésion et que les joueurs évoluent avec des automatismes bien assimilés quand on sait que la plupart d’entre eux évoluent dans le championnat national.
Il en est de même pour le Liberia qui n’arrive pas à se départir des répercussions d’une guerre civile des plus meurtrières. Mais dans ce pays, tout le mérite revient à Georges Weah, ce joueur-entraîneur exceptionnel qui n’hésite pas à débourser de sa poche pour couvrir les frais de l’équipe nationale.
Du jamais vu, d’autant plus que Weah qui est devenu, à juste titre, très populaire chez lui, commence à faire des jaloux dangereux dans la sphère du pouvoir. Se sentant sérieusement menacé dans son intégrité physique, il a été obligé à mettre toute sa famille à l’abri quelque part aux Etats-unis.
Il accuse ouvertement le président de Liberia, Charles Taylor, de vouloir l’éliminer pour se débarrasser d’un adversaire sérieux aux élections présidentielles. Ce n’est pas étonnant de la part de celui qui a décapité affreusement l’ex-président, Samuel Doe, lequel a été, par hasard, un ami intime de Weah. Et dire que ce dernier trouve encore le plaisir de jouer et de diriger une équipe reconstituée à la sauvette pour participer à la CAN. Quel bel esprit de courage et de solidarité.