L’année 2002 se termine en queue-de-poisson pour le sport national qui saute dans le vide de l’incertitude depuis quelques années. L’alerte a été donnée depuis longtemps, mais la gestion de notre sport est tellement figée dans une mentalité rétrograde qu’elle ignore le sens de la prévision. Même les locomotives de notre sport, le football et l’athlétisme, ont eu de graves pannes si l’on exclut l’exception du phénoménal Hicham El Guerrouj. C’est le seul sportif marocain qui court, avec des souliers d’or, dans la cour des grands en remportant le titre de l’athlète numéro Un mondial pour la deuxième fois consécutive.
La performance individuelle de Hicham signifie tout simplement que la gestion de l’athlétisme n’obéit à aucune règle rationnelle. D’ailleurs comment cette discipline peut l’être quand on sait qu’elle est gérée illégalement par un comité provisoire depuis près de trois ans ?
L’illégalité est devenue si banale dans ce domaine que même l’instance supérieure de notre sport, le comité olympique nationale Marocain (CNOM), récuse l’assemblée générale légale. Du coup, toutes les disciplines ont la latitude de nager dans la boue de l’anarchie qui mène droit vers l’échec sportif. Quand le football s’écroule sur les terrains du jeu et de la gestion en perdant doublement sur la scène arabe, c’est qu’il chavire dangereusement. La sélection olympique a été écrasée par son jeu décousu et l’indiscipline de ses joueurs en Coupe arabe. Les dirigeants du MAS ont traîné notre football dans la boue en affichant leur incapacité flagrante dans l’organisation d’une petite coupe des clubs arabes. Il est normal que tout le monde commence à douter de la véracité des atouts et des potentialités du Maroc à organiser la coupe du monde. Le coup des dirigeants du MAS ressemble à un dur coup dans le dos de la fédération marocaine de football et de l’image de notre pays à l’approche d’une échéance convoitée depuis une décennie. Ce n’est pas du pessimisme, mais c’est du réalisme égal à celui qui a poussé le gouvernement à dissoudre le ministère de sports. Sauf que le gouvernement verse dans l’attentisme morbide en cultivant la gestion du sport tel un saut dans le vide. Tout le monde attend la création d’un haut-commissariat au sport. Tout le monde ne sait rien de ce qui passe. Et tout le monde s’aligne sur la ligne de départ pour briguer un poste inconnu. C’est fou ce qui se passe dans notre sport quand on sait que le ministre sortant, Ahmed Moussaoui, fait tout pour postuler à ce poste alors qu’il a fait couler tout un département.
Le dernier des ministres de la jeunesse et des sports fait prévaloir son appartenance au parti de l’Union Démocratique qui compte vingt députés. C’est drôle, mais il rechigne à s’armer de son bilan à la tête du ministère comme s’il était catastrophique… Moussaoui a bien appris la leçon en agissant comme tous les autres dirigeants de notre sport qui ne regardent jamais dans le retroviseur… Ils essayent d’enterrer leur bilan et oublient, que ce faisant, ils inhument notre sport dans un fossé de plus en plus profond dans la médiocrité.