Chroniques

Hors-jeu : Stades dépotoirs

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Pourquoi la réaction du public chaque fois qu’il est mécontent, que ce soit d’une décision de l’arbitre, de la mauvaise prestation de son équipe favorite ou d’un joueur, se fait de la manière la plus obscène ? Il s’agit décidément d’un mal endémique. On en a eu une nouvelle illustration le week-end dernier à Marrakech. Ce qui s’est produit au stade du Harti, lors de la rencontre KACM-MAS, indigne les quelques spectateurs qui osent encore se déplacer aux stades. Quand ce sont des milliers d’adultes, de fans qui se mettent à traiter un joueur de la trempe d’Ahmed Bahja , sa mère et sa famille entière, de tous les maux, c’est absolument inacceptable. Vilipendé jusqu’à la fin de la rencontre, pourtant gagnée par les locaux, le pauvre Bahja n’a pas désespéré que le public de sa ville natale révise son attitude. En quittant le terrain, il continuait tout de même de saluer un public qui, il y a quelques années seulement, ne jurait que par son nom. En vain, les insultes les plus obscènes l’ont poursuivi jusqu’aux vestiaires. Son seul péché est d’avoir joué pour un autre club national, le MAS !! Quel mal y a-t-il dans un fait qui se répète depuis des lustres? Ce n’est pas une première dans notre pays. Feu Mustapha Choukri, alias Pétchou, avait quitté le Raja pour le WAC, et après lui la même chose allait se reproduire avec feu Abdellatif Beggar. Dans le sens inverse, feu Hyrs avait fait de même. Et récemment, Bidodane a quitté le FUS pour le Raja, et les exemples sont plus nombreux sans que cela n’ait jamais créé de pronlème. C’est le football national qui est le bénéficiaire de ce genre de transfert. Il n’y a aucune raison d’être ingrat envers un joueur en fin de carrière. Cela fait des années qu’il était professionnel à l’étranger, et sa qualité de jeu a toujours été prise en haute estime par les observateurs des pays dans lesquels il avait pratiqué. Et là, il y a lieu de se demander quel est le rôle de ces associations des supporters dont la notion est très en vogue depuis quelques années. Avec leurs assemblées générales en fanfare et leurs réunions prétentieuses ne cherchant qu’à mettre le nez directement dans la gestion du club, ces associations donnent l’impression d’être de vraies entités de soutien et d’encadrement. Or le nombre des adhérents de nos clubs les plus prestigieux, comme le Raja et le WAC, n’atteint pas la centaine par saison ! Si cela vaut la peine de le rappeler, des clubs comme le Real Madrid ou Barcelone démarrent la saison avec pas moins de cent mille adhérents qui payent une fortune pour participer à la promotion de leur équipe et sauvegarder le haut niveau du spectacle. Nous sommes confrontés aujourd’hui à un vrai phénomène de société qui n’est finalement que l’illustration de la dégradation de l’ensemble de nos moeurs aussi bien sportives que sociétales et politiques. Ce qui se passe aujourd’hui dans nos stades est à l’image d’une société en déliquescente qui ne cesse d’étonner non par ses performances, mais plutôt par la décadence qui caractérise ses valeurs les plus sûres, c’est-à-dire celles que nous avons héritées de nos parents, et d’un parcours historique qui force l’admiration.

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