Chroniques

Il mange avec le loup, aboie avec le chien et pleure avec le berger

© D.R

Les capacités humaines en termes de cognition et de résistance à la médiocrité sont très minimes, voire inexistantes chez beaucoup d’entre nous, quel que puisse être leur niveau d’étude ou d’ascenseur social.

Il est établi selon les historiens que chaque époque possède son Moyen âge. Mais aujourd’hui, nous vivons le cumul de toutes les mauvaises périodes de l’histoire humaine. Dans cet esprit George Orwell a écrit dans les années 40 du siècle dernier, avec une vision sans précédent, que «les films, le football, la bière et surtout les jeux de hasard formaient tout leur horizon et comblaient leurs esprits. Les garder sous contrôle n’était pas difficile». Les humains, aujourd’hui, dans leur écrasante majorité, suivent ce même cheminement dans leurs existences éparses, mais globalisées, soumises aux mêmes diktats, quelles que soient la culture, l’identité, la région, le continent, l’histoire.  Regardez autour de vous, ce qui se passe partout, chez soi, seul, avec des amis, avec ses enfants, avec sa compagne, avec son compagnon, avec le mari et l’épouse, au bureau, dans le taxi, dans le tramway, dans l’avion, en bord de mer, dans une fête, à un enterrement, devant un poste de télévision, au cinéma…, partout, les uns et les autres sont obnubilés par leurs écrans, par les images qui défilent, par les jeux, par les paris, par les commentaires, par le voyeurisme, par le futile, par l’insignifiant, par le débile qui leur bouffe les méninges.

Dans ce chaos sans sentiments, mais avec un surdosage de réactivité stérile, les gens ne peuvent plus se connaître, ni s’entendre, ni s’écouter, pour la simple raison qu’ils n’ont plus le temps pour la vraie vie. Ils sont happés par la fausseté de ce qui défile sur leurs écrans et ont désappris le contact direct avec les autres, une poignée de main, un sourire sincère, une parole gentille, qui vient du cœur, un partage d’émotions et de sensations réelles et non factices. Tout ceci est parti dans les toilettes avec l’eau du bébé.

Il faut dire que les capacités humaines en termes de cognition et de résistance à la médiocrité sont très minimes, voire inexistantes chez beaucoup d’entre nous, quel que puisse être leur niveau d’étude ou d’ascenseur social. L’inclination pour la bêtise fait partie de l’ADN humain. C’est connu. C’est vérifié. Détrompez-vous, les gens ne veulent pas être sérieux dans la vie, pas plus qu’ils ne veulent s’intéresser à ce qui va les élever, leur apporter un plus de  savoir et de connaissance, les éduquer, leur épargner de perdre une somme considérable de leur temps à ne rien faire ou alors à tuer le temps en jouant sur un écran, qui est devenu la tâche principale de leur existence, leur maître aussi,  puisqu’il conditionne leur quotidien et le fractionne en heures interminables d’images qui filent en avalant dans leur passage  la vraie vie, celle qui nous a été donnée pour en faire quelque chose de beau, de grand, de noble, de  valeureux. Imaginez le nombre d’humains qui ont gaspillé des milliards et des milliards d’heures, de jours et de nuits à ne rien faire, sauf fixer un gadget, surfer sur une Toile qui tisse ses rets et bouffe la vie des gens comme une hydre affamée et insatiable. C’est cela le quotidien de milliards d’êtres humains qui ont troqué la vraie vie contre une pseudo existence factice sur des mondes virtuels.

Ces humanoïdes sont en pleine transformation, comme s’ils étaient en train de subir une modification génétique pour obéir à leurs écrans, à leurs puces et à leurs petits gadgets ultra high-tech, qui ont rogné dans leur cerveau en sifflant toute trace de matière grise. Ce qui reste, ce sont des reflex, répétés en continu faisant de ces entités des machines mises sur play.  Avec cette vérité immuable : on ne peut espérer guérir en restant dans le même environnement qui nous a rendus malade…

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