Chroniques

J’aime, je partage: Chacun ses responsabilités

© D.R

Mawazine est terminé. La tension est descendue. On peut donc parler avec moins de passion et essayer d’être un tantinet raisonnable. Ceux qui ont voulu que l’on interdise ce happening donnent dans la tristesse à tout va. C’est défaitiste de vouloir tourner une si belle page de l’histoire culturelle récente du Maroc.  Que reproche-t-on à ce festival ? Les stars planétaires qui s’y produisent ? Les foules qu’elles déplacent ? Le bonheur qu’elles donnent aux gens ? Leur lutte par la musique contre la morosité ambiante qui pollue les esprits et obstrue toute vision claire ? Ou alors, l’occasion qu’ont les artistes marocains, jeunes et moins jeunes, pour se faire voir, se faire écouter, et pourquoi pas percer ?

Franchement, un peu de retenue. Ce rendez-vous est tout aussi important que toutes les campagnes de pub faites par tous les réseaux de tourisme au monde pour donner une image autre d’un Maroc, qui est souvent sujet à des amalgames dangereux. En venant à Rabat, des gens comme Sting, les Maroon 5 et tant d’autres, racontent où ils étaient, ce qu’ils ont vu et cela change la donne, par de nombreux aspects. Réveillez-vous, concitoyens, qui voulez revenir quelques siècles en arrière ! Ce n’est pas l’Egypte ici. Ce n’est pas l’Irak, ni la Syrie. Ce n’est pas la Tunisie, encore moins la Libye et l’Algérie. C’est le Maroc. Il est ce qu’il est, avec de nombreux défauts, des tares, des failles, mais il est mieux loti que la majorité des pays dans un monde arabe disloqué. Alors si J. Lo vient créer un séisme avec ses belles rondeurs, moi je prends. Et j’en suis heureux. Comme des millions d’autres Marocains, qui savent ce que représentent tous ces festivals qui posent un problème à tant de réactionnaires dans ce pays. Mawazine, comme le festival de cinéma de Marrakech, comme celui de Fès, comme le Gnaoua d’Essaouira, sont désormais inscrits dans le paysage culturel du Maroc. Toute tentative de vouloir les rayer de la carte est vaine.

Mais il est dingue comme une partie de cette société a décidé de tourner le dos à la fête, à la joie, aux plaisirs, à  tout ce qui fait du bien, dissipe les frustrations, crée d’autres ambiances moins nauséabondes, moins délétères, plus humaines, plus chaleureuses. C’est à croire que pour certains, il faut vivre au Moyen-Age, dans des cavernes, demander à nos femmes de porter des burqas, à nos filles de se cloîtrer, à nos jeunes de ne pas produire et de rêver et à tous les créateurs de se concentrer sur des sujets pré-indiqués, suivant des lignes directives préfabriquées, sans la moindre liberté. Car le mot qui est ici mis en cause est liberté. Tout le monde s’acharne sur tout le monde, les uns sont remontés contre les autres, et on s’achemine vers des scissions qui peuvent s’avérer dangereuses.

C’est une pente glissante, les amis. Faut pas se laisser faire. Mais là, j’en appelle à tous les créateurs dans ce pays, aux forces vives, aux intellectuels, aux artistes de tous bords, pour prendre leurs responsabilités et ne pas se laisser faire ni avoir. C’est à nous de lancer les débats, d’ouvrir des horizons, de créer des échanges constructifs pour apporter des solutions ou du moins des débuts de réponses. Mais le silence, dans ce cas de figure, est complice, les amis.  C’est même un aveu d’échec. Il faut monter au créneau et défendre ses visions, donner avec clarté son point de vue sur quelle société nous voulons et quel Maroc nous défendons. Fini les double-jeu, les faux discours… il est temps d’agir en acteur réel de la société, mais pas en fantoche, qui profite quand ça va bien, et quand ça va mal il se terre en attendant que les choses se tassent. Si vous croyez oublier, l’Histoire, elle, n’oublie jamais.

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