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La Covid coûte

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Le vaccin n’est pas fait pour fâcher mais pour protéger et réduire les risques.

Par Dr Imane Kendili
Psychiatre-addictologue

Les risques de Covid grave sont à réduire et la responsabilité de chacun est engagée. La Covid coûte. C’est cher. Pas seulement pour le citoyen mais aussi pour l’État, l’économie et la société. Reprenons l’histoire et capitalisons l’expérience. La Covid est loin d’être donnée. Pour tomber malade, il faut avoir mis de côté de quoi se faire soigner. Parce qu’il faut le dire et le souligner, contracter ce virus a un terrible coût, non seulement au niveau des vies qu’il fauche, mais aussi en termes de budgets à mettre en place et à investir pour essayer de s’en sortir. En effet, ceux qui sont tombés malades, et j’en fais partie, ayant passé 31 jours en clinique dont 10 jours en réanimation, le savent très bien, ça coûte très cher d’avoir le coronavirus. Entre les analyses, les tests répétitifs et le scanner, le budget initial avoisine les 4.000 DH.

Ceci sans compter les frais de soins en unité hospitalière. Cela dépend certes des cliniques, mais l’un dans l’autre, une nuit dans une clinique coûte au bas prix 1.500 DH. Et nous le savons tous, il ne suffit pas de passer une nuit en clinique pour guérir. Certains y passent des semaines. Faites alors le calcul pour voir comment ça chiffre, et très vite. De tels frais sont-ils dans la capacité du citoyen lambda, qui peine depuis presque deux ans, souffrant d’un manque criant en tout. Manque de moyens, manque de liquidité, manque d’économie, manque de travail parce que de très nombreux lieux de travail ont fermé ou mis la clef sous le paillasson, chômage forcé, pauvreté, précarité… ? La réponse ne souffre aucune ombre : bien entendu, le Marocain n’a pas les moyens pour se prendre en charge et se soigner s’il venait à tomber malade. C’est ce qui explique que des dizaines de milliers de citoyens restent chez eux, recourant à l’automédication, prenant du paracétamol, quand ils en ont et attendent l’issue. Souvent, l’issue est tragique, parce que le malade n’a pas été pris en charge et n’a pas pu bénéficier des soins adéquats. C’est là le drame vécu par des millions de Marocains, qui versent alors dans le fatalisme, en attendant la gueuse ou le miracle.

Aujourd’hui, les choses sont encore plus corsées. Après presque deux années de disette, après un été très serré, après tout l’argent investi dans le mouton et d’autres frais annexes, la rentrée scolaire bien sûr… Tous les indicateurs économiques des familles sont au rouge. Comment faire ? Quelles sont les solutions face à une situation aussi inextricable où les familles payent un lourd tribut à la maladie et ses dangers à une situation socio-économique désastreuse ? Comment résoudre cette équation à plusieurs inconnues sachant que les Marocains, dans leur grande majorité, peinent à joindre les deux bouts et tirent la langue face à une crise qui n’épargne personne, riches, pauvres, classe moyenne… L’une des solutions à préconiser dans ce cas de figure est la vigilance de manière draconienne. Il faut faire attention.

Il faut redoubler d’efforts pour se protéger et protéger les autres. Il faut suivre rigoureusement les mesures mises en place par les autorités sanitaires. Nous n’avons aucune autre solution en dehors d’un engagement commun, de toute la société, comme un seul corps, capable de faire front à la Covid-19. La troisième dose est salutaire et dans un intérêt commun. Le pass n’est pas une punition mais une protection. L’engagement communautaire passe par une protection personnelle pour protéger les autres également. Une période d’adaptation est nécessaire certes. Déjà des collectifs demandent un temps supplémentaire pour l’applicabilité.

L’hiver arrive. Nous nous sommes perdus dans les priorités politiques électives et le temps aux saisons grippales et de la Covid qui revient avec un sous-variant qui pointe son nez déjà avec une fermeture des vols avec l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Heureusement, sous les cieux marocains, les hivers ne sont pas rudes. Et au vu de la pensée et de l’action en amont, il fait bon passer l’hiver en Afrique.

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