Les différences de positions actuelles peuvent sembler importantes, mais la pression exercée sur les parties concernées, notamment en raison de la prolongation des combats, pourrait conduire à un assouplissement progressif de leurs positions.
Tous les signes indiquent la nécessité d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qu’il s’agisse d’une pause temporaire ou d’une fin permanente des hostilités. Les deux parties sont confrontées à un défi de taille, qui rend difficile la poursuite des combats dans des conditions météorologiques et sur le champ de bataille défavorables. Bien que les deux parties reconnaissent ces difficultés, les négociations se heurtent à des obstacles car chaque partie cherche avant tout une solution politique.
Du côté israélien, le gouvernement Netanyahou est soumis à une pression intense pour obtenir la libération des otages, ce qui crée un sérieux dilemme qui entre en conflit avec ses autres projets de relations avec le Hamas. Le Hamas en est conscient et en tire parti pour accroître la pression interne sur Netanyahou et son gouvernement.
Le désaccord le plus pressant porte sur la formule du cessez-le-feu – qu’il s’agisse d’une trêve temporaire ou d’un arrêt définitif des hostilités. Il s’agit d’une question cruciale car le Hamas comprend qu’une reprise des hostilités après un cessez-le-feu et la libération d’autres otages affaiblira la position du mouvement face à une armée israélienne renforcée. Le Hamas exerce donc une pression maximale pour obtenir des progrès globaux dans les négociations, notamment en ce qui concerne le sort des dirigeants du mouvement.
Le Hamas reconnaît également que sa force actuelle réside dans les otages.
Tout accord conduisant à la remise complète de ces otages exposerait le mouvement à la pression militaire israélienne. C’est pourquoi il insiste sur un cessez-le-feu durable. D’autre part, Israël insiste sur la prolongation du cessez-le-feu en fonction des circonstances, dans le but d’obtenir le retour complet des otages et de déployer ensuite l’armée israélienne contre le Hamas sans restrictions.
Récemment, un plan en trois phases de 90 jours a été proposé pour la libération des otages en échange de prisonniers palestiniens. Le ratio proposé dépasse les normes convenues lors du dernier cessez-le-feu : trois Palestiniens pour chaque Israélien. Dans les phases à venir, les femmes soldats israéliennes devraient être libérées lors de la deuxième phase et les hommes soldats lors de la troisième et dernière phase.
Les différences de positions actuelles peuvent sembler importantes, mais la pression exercée sur les parties concernées, notamment en raison de la prolongation des combats, pourrait conduire à un assouplissement progressif de leurs positions. Toutefois, les observateurs doivent faire preuve de prudence face à ces attentes positives, car les parties en conflit n’ont pas de vision claire de l’après-guerre, et la poursuite du conflit semble inévitable.
Cela pose un défi particulier à Israël, qui ne peut accepter un cessez-le-feu durable sans atteindre l’objectif stratégique primordial d’éradiquer le Hamas de Gaza afin d’éliminer toute menace potentielle pour la sécurité d’Israël et d’empêcher que l’attaque du 7 octobre ne se reproduise. La guerre actuelle ne se limite plus à un conflit israélo-palestinien. Le conflit s’étend progressivement à d’autres zones instables au-delà du détroit de Bab el-Mandeb, atteignant l’Irak, la Syrie et le Liban. Sa conclusion n’est plus une question bilatérale, mais a acquis une dimension régionale et internationale. Les acteurs régionaux s’attendent à ce que la fin de la guerre marque le début d’une nouvelle phase de lutte régionale entre modérés et radicaux.
La croyance de chaque partie en sa capacité à résoudre de manière décisive le conflit existentiel complique la recherche de solutions pour mettre fin à cette guerre. Les deux parties sont conscientes des risques associés à la conclusion du conflit militaire actuel sans solution décisive. La menace persistante pousse Israël à prolonger la guerre, tandis que la peur de l’inconnu et le désir de prendre la tête de la scène palestinienne motivent le Hamas à poursuivre le combat malgré les pertes civiles.
Le scénario d’un conflit militaire prolongé à Gaza est susceptible de perdurer et de se transformer progressivement en une guerre d’usure sans fin, compte tenu de sa nature non conventionnelle. Aucune armée au monde, y compris l’armée américaine, n’a jamais remporté de victoire décisive dans ce type de conflit. Cette réalité rend difficile la formulation d’une vision cohérente pour une fin imminente de cette guerre.