Chroniques

La drogue touche nos établissements scolaires

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Le danger est réel. Et il faut le prendre au sérieux. Le phénomène des drogues dans les collèges, les lycées et les universités marocains est une réalité qui ne souffre aucune ombre.

De 12 à 25 ans, les ravages des drogues sont tangibles et touchent de plus en plus d’élèves et d’étudiants. Ces drogues circulent parfois dans l’enceinte même de certains établissements. Certains jeunes lycéens sont même devenus des dealers travaillant pour le compte d’autres dealers qui les emploient moyennant des doses et un salaire mensuel.
En effet, les victimes qui, aujourd’hui, sont de plus en plus jeunes, filles et garçons, rivalisent de prises de drogues, surtout le crack qui fait des ravages terribles au sein de la jeunesse. Cela se passe devant les lycées et les écoles marocains et les médias nationaux en font l’écho attirant l’attention sur ce danger qui menace des enfants au sein même de certains établissements scolaires. Cela a aussi envahi plusieurs universités où l’on fume des joints en plein public comme si c’était normal ! Tout le monde le sait, ce n’est un secret pour personne. Les parents d’élèves se plaignent (et il suffit de faire un tour dans quelques directions de lycées casablancais pour toucher du doigt l’ampleur d’un tel phénomène) «Nous sommes conscients du danger. Nous le constatons, et les services de police nous aident en quadrillant le terrain, mais il y a toujours un moyen pour toucher nos enfants», confesse un responsable dans un lycée de Casablanca. Le topo est simple : ce sont ou des lycéens qui se sont convertis en dealers ou des malfrats patentés qui ont écumé le secteur en proposant des commissions à des adolescents. Le résultat ? «Des quantités de pilules qui circulent d’une poche à une autre», avoue un lycéen de 15 ans, qui dit avoir arrêté après un mauvais «trip». Et là, toutes les couches sociales sont touchées. Riches, pauvres, fils de «bonne famille» ou laissés-pour-compte, tout le monde avale. Les effets : «on se sent bien, on plane un peu et des fois on mélange la pilule à des joints, à l’alcool, à l’ecstasy pour plus d’effets». Sauf que la pilule devient trois ou dix, et cela conduit à des viols, à des passages à tabac, à des agressions, à des vols, voire des tentatives de meurtre ou de suicide.
Les exemples sur des gosses qui ont «pété un câble» sont légion. Le bureau des Stups à Casablanca en connaît un large rayon sur ces jeunes drogués qui ont failli passer au pire. Le pire ? Viol, voire meurtre et suicide. D’ailleurs ce phénomène du suicide devient de plus en plus présent dans nos médias. C’est là un nouveau fléau qu’il faut prendre très au sérieux.
Dans d’autres cas, moins extrêmes, des jeunes filles entre 12 et 17 ans, collégiennes ou lycéennes, se prostituent sous l’effet des psychotropes et autres drogues. Elles font des passes dans les voitures, des virées avec des hommes trois fois plus âgés qu’elles, pour quelques centaines de dirhams, pour un parfum, pour des habits et de quoi se payer son kiffe du lendemain. «Une ex-copine tapinait pour se payer ce qu’elle voulait, explique une lycéenne du centre-ville. Quand elle a quitté le lycée, elle en était à l’ecstasy et à la blanche». D’abord du «karkoubi», quelques pilules avant de tester de l’ecstasy et se faire un sniffe, pour finir au crack, une drogue terrible qui touche de plus en plus de jeunes marocains de moins de 15 ans, aujourd’hui. Le reste du chemin pour ces jeunes est semblable à une plongée dans les affres de la toxicomanie. Quand les parents se rendent compte, c’est souvent trop tard.

Par Dr Imane Kendili, psychiatre et auteure.

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