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La fumée du bruit

© D.R

La rumeur est la fumée du bruit.

Le Maroc est un pays de rumeur, répète inlassablement un de mes amis, médecin et politicien de surcroît. Pour lui comme pour une large majorité de Marocains, la rumeur est le mot d’ordre depuis l’annonce des résultats des élections législatives qui se sont déroulées le 8 septembre 2021. Mon ami, qui analyse inlassablement la chose politique, me dit que «tout le monde est devenu ministre, que tout le monde a été abordé sur la question, qu’on court les technocrates pour sonder le terrain et que les partis politiques n’auraient apparemment pas assez de personnes qualifiées pour tel ou tel ministère…». Pour ma part, je trouve l’assertion un tantinet extrême étant convaincue que le Maroc regorge d’excellents profils, femmes et hommes, qui peuvent occuper de très hautes fonctions, remplissant leurs missions avec honneur, probité et efficacité. Devant mes paroles nuancées, mon ami politologue est plus tranchant : «Politisée ou pas, toute personne peut prétendre aujourd’hui être ministrable.

Le maroquin semble aujourd’hui plus accessible que par le passé. Certains ont même la mémoire très courte, et font des mains et des pieds, au risque de remuer un passé houleux pensant réaliser une vieille ambition de ministrable qui pourrait se révéler même contreproductif», ajoute-t-il faisant allusion à des profils dont lui seul connaît les parcours et les velléités. Je rétorque, sûre de mon propos, qu’être ministre me semble fort lourd en responsabilités et en engagements multiples. Être ministre doit refléter de surcroît une fibre patriotique qui prône le changement et met en avant une valeur comme celle du travail acharné. Être ministre engage un mandat, un programme et des résultats concrets. Être ministre engage la conscience avertie d’une responsabilité qui se mesure à l’aune des grands défis nationaux et à une vision de l’intérêt général qui doit immanquablement l’emporter sur l’intérêt personnel. Mon ami reprend la balle au vol et assène, comme à son habitude : «Cependant, sous des cieux cléments, être ministre peut devenir juste une ambition territoriale basique. Cela peut aussi être une affaire de sécurité projective. Être ministre, cela pourrait n’être qu’un désir impérieux de jouir d’une certaine immunité.

Être ministre, c’est aussi la quête d’un salaire à vie. Être ministre, c’est aussi satisfaire son désir intime d’avoir le pouvoir et d’en jouir, chacun à sa mesure, chacun selon sa conscience et selon son sens de la citoyenneté». Étant médecin, j’embraye sur le ministère de la santé, qui me touche en tant que praticienne. Mon ami s’épanche en révélations, comme il aime à le répéter : «Aujourd’hui, depuis l’annonce des résultats du scrutin, les médecins sont pendus au bout du fil. Certains d ’ e ntre eux claquent des dents ne sachant pas qui va présider aux affaires de la santé publique chez nous». Je lui fais remarquer que c’est d’autant plus normal que depuis deux ans, le secteur de la santé traverse une de ses pires crises et que le corps médical dans son ensemble attend beaucoup du nouveau ministre, femme ou homme, pour lutter avec encore plus de force face à cette pandémie planétaire qui a fait de très nombreuses victimes marocaines.

Tout en me donnant raison, mon ami analyste enchaîne en affirmant que, «aujourd’hui, plus que jamais, le ministre de la santé, femme ou homme, se doit d’être au-dessus de tout soupçon. Il doit mettre fin à toutes ces rumeurs lourdes de conséquences qui ternissent tout un secteur vital pour le pays où l’on parle de dessous- de-table, de commissions et rétro-commissions, d’abus de pouvoir, de règlements de comptes et autres dérives qui feraient croire à certains qu’ils sont au-dessus des lois ou plus malins que les autres». Ô combien avons-nous besoin de changement pour entamer une nouvelle page et écrire un nouveau chapitre, lui dis-je. Le Maroc a voté démocratiquement pour le changement. Le Maroc veut des lendemains qui chantent.

Le Maroc mérite la meilleure classe politique possible, avec des ministres, femmes et hommes qui portent ce projet sociétal commun vers de grandes réalisations en soulevant les plus grands défis. Les élections de septembre 2021 ont redistribué les cartes en sanctionnant l’amateurisme, les tricheries, les petites guéguerres intestines, la course effrénée aux intérêts personnels, les biaisements et les faux-semblants. Alors, pour l’ensemble des Marocains qui rêvent d’un meilleur avenir, pas d’erreur de casting, s’il vous plaît ! Il y va de notre santé et de l’avenir de nos enfants ! Il y va de notre nation.

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