Chroniques

La Team

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Ils viennent du monde du sport, plus exactement du streetworkout et sont dotés d’un esprit d’émulation, de dépassement de soi qui les a portés tout naturellement à s’enrichir en voulant ajouter à leur passion pour ce sport émergent la culture, l’humanitaire, le social…

Pour être plus exact, leur nom est «La Team – Chabab Pluriels», il faut le souligner car ces jeunes le revendiquent. Ils se proclament en effet haut et fort «open mind», ce qui avouons-le, en ces temps de replis tout azimuts, est vraiment bienvenu.
Abreuvés par la haine que déversent bien trop souvent certains sur les réseaux sociaux, ou bien méconnaissant trop souvent l’Autre, nombre de nos jeunes se retrouvent ainsi coupés de l’indispensable envie de s’ouvrir. Les jeunes de La Team eux ont cet atout de chercher à découvrir, à connaître, à emmagasiner les amitiés diverses et plurielles.

Nos quartiers ont besoin d’images valorisantes, les plus jeunes ont besoin de voir des leaders plutôt que des dealers, bref notre monde associatif, sportif, culturel a besoin de sang neuf.

Ils viennent du monde du sport, plus exactement du streetworkout et sont dotés d’un esprit d’émulation, de dépassement de soi qui les a portés tout naturellement à s’enrichir en voulant ajouter à leur passion pour ce sport émergent la culture, l’humanitaire, le social…
Ils sont en effet conscients qu’ils ont cette faculté – à 20 ans- de découvrir le monde, tout d’abord en s’ouvrant à ceux qui sont différents d’eux, par leur religion, par leur origine, par leur langue et qui vivent à leurs côtés sur le sol marocain. Très sincèrement c’est cette maturité, en même temps que leur juvénilité, cet enthousiasme qui les habitent qui m’ont séduit en eux lorsque je les ai rencontrés.
Ils ont compris que le streetworkout dont ils sont passionnés était pour eux -en plus d’être une passion- une formidable opportunité d’insertion sociale et de pratique du vivre-ensemble. Ils ont donc choisi de se lancer dans le grand bain de l’associatif et de s’engager.
S’engager pour participer au développement de leur pays, au progrès de la société qui est la leur et surtout de venir en aide aux autres jeunes, d’être pour eux une voix qui ouvre un chemin, être ceux qui peuvent faire bénéficier la jeunesse dans son ensemble, de leurs talents, de leur don de soi, de leur exemple.
En très peu de temps, ils ont appris les rouages essentiels du travail en équipe, ils ont fait des rencontres totalement nouvelles pour eux : les jeunes subsahariens chrétiens, nos compatriotes juifs, le consul général des États-Unis Lawrence Randolph, le monde des Sans domicile fixe en s’engageant dans l’operation «Kachkoul ded lberd» (écharpes contre le froid), ils ont rencontré d’autres jeunes comme eux acteurs culturels et associatifs.
Ils ont aussi vu à quel point les Marocains savaient être généreux et prêts à participer à une action de solidarité, dès lors qu’ils avaient confiance…
Bref ils sont en train d’apprendre et de se frotter aux réalités, bien sûr j’ai l’habitude d’accompagner les premiers pas de jeunes qui s’engagent et aujourd’hui des centaines (voire des milliers) de jeunes sont devenus des leaders, à Essaouira, à Oujda, à Marrakech, à Rabat, à Fes, à Mohammedia, à Agadir… mais c’est toujours avec le même enthousiasme que j’en découvre de nouveaux.
Je perçois en eux cette flamme et cette envie qui feront d’eux des exemples pour d’autres jeunes «en recherche», nos quartiers ont besoin d’images valorisantes, les plus jeunes ont besoin de voir des leaders plutôt que des dealers, bref notre monde associatif, sportif, culturel a besoin de sang neuf.
Hélas nous sommes ainsi faits que si nous sommes rapides à dénoncer les dérapages, les dérives, les actes répréhensibles, nous ne sommes guère enclins à encourager, à féliciter, à mettre en avant les talents, les bonnes volontés, les actions nobles entreprises par nos jeunes, nous devons inverser cette tendance.
La jeunesse a besoin de voir que nous sommes derrière elle !
D’autant plus, et je l’ai vécu, que certains au contraire cherchent à décourager ces jeunes, à les enfermer dans des idées fausses, à les faire se replier sur des tabous périmés, à les couper d’autrui, d’où la nécessité d’être à leurs côtés pour les aider certes, mais aussi pour leur montrer qu’ils sont dans le vrai, qu’ils ont choisi le bon chemin.
Alors vous tous cher(e)s ami(e)s qui lisez cette chronique, faites des jeunes de «La Team» un exemple, si vous avez l’occasion de les rencontrer, si vous avez la possibilité de les soutenir, faites-le.
Et là où vous vivez, cherchez à rencontrer les jeunes de votre ville qui ont franchi le pas de l’engagement associatif, culturel, sportif, humanitaire… croyez-moi vous ne serez pas déçus et ils vous rendront votre amitié au centuple.

 

 

 

par Ahmed ghayet

Acteur associatif et culturel

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