Le sujet, une fois n’est pas coutume, s’impose de lui-même. Il est très difficile de rester insensible à un événement qui, à lui seul, a relégué, en second plan, les exceptionnels évènements iraniens et qui, jusqu’à avant-hier, continuait à minimiser, médiatiquement du moins, ce qui est en train de se dérouler en Chine avec les ouïghours. La mort de Michael Jackson est un fait inédit. Star de la démesure qui, de son vivant, a enduré gloire, raillerie et infamie, toujours dans l’excès. Sa mort n’échappe pas non plus à l’outrance. Rare la grammaire d’une légende aura autant servi un mythe aussi expéditif qu’instantané. Qui peut prétendre avoir été sanctifié et béatifié avant son enterrement ? Même pas les saints de l’église.
Michael Jackson, au-delà de son enracinement dans l’imaginaire planétaire, est le vrai premier trépas de la mondialisation. Son faire-part de décès fut extraordinairement servi par Internet. Et la toile est un puissant fluidifiant de l’émotion. Le dernier décès digne de comparaison, du point de vue de l’émotion provoquée, serait certainement celui de Diana survenu le 31 août 1997. A l’époque, il y avait à peine une vingtaine de millions d’ordinateurs connectés à Internet puisque le vrai avènement de la bulle se situe aux débuts des années 2000. La mort de Michael, pour inattendue qu’elle soit, a bénéficié des diableries du réseau des réseaux. Facebook et Twitter sont de véritables agents recruteurs d’émoi. Twitter a reçu jusqu’à 5.000 messages la minute dès l’annonce de la mort de l’inventeur du «Moonwalker». Google a cru, un instant, à une attaque de son réseau avant de faire le lien entre les connexions et la nouvelle de la mort. Et les sites d’actualités ont, paraît-il, connu jusqu’à 4 millions de visiteurs par minute. C’est colossal et irréel. Excessif aussi. A l’image de cet artiste qui, avec un talent incommensurable, a fait de l’artifice, du subterfuge et du virtuel un mode de vie et de son corps une œuvre plastique….inachevée.
Autre excès est l’obsédante présence de l’argent. Synonyme de fric, de fortune faramineuse, de dépenses pharaoniques, de maison démesurée de 11km2… Michael générait un salaire de millionnaire et effectuait des dépenses de milliardaire. Sa mort n’en fut pas épargnée tant elle s’est traduite, elle aussi, en véritable business. Le sanglot a un coût et l’émotion un prix. La ville de Los Angles, déjà fortement déficitaire (plus de 500 millions de dollars) en est venue à demander des dons pour faire face aux dépenses générées rien que par la surveillance et le nettoyage du site qui hébergea la cérémonie. Et qui sait ce qu’a coûté ce cercueil couvert d’or de 24 carats….Indécent même si on pardonne tout au talent.