Chroniques

Label marocanité : Drôle de temps

On vit décidément d’autres temps en France. Et ce n’est pas qu’une question de saison au moment où le froid victorieux a enfoncé tous ses crocs acérés dans la chair du pays. Non. On vit d’autres temps parce que Jacques Chirac est mis en examen. Ce temps qui a fini par rattraper le roi, par sa nuque, pour mieux le dénuder. La vieillesse et les ennuis de santé ne sont pas des circonstances atténuantes. L’immunité n’est plus là et de Villepin, engoncé lui-même dans les méandres de l’imbroglio Cleastream, ne pourra nullement lui inspirer sa défense par des formules «abracadabrantesques» puisées dans le répertoire rimbaldien. Il est comme lâché par la meute et le froid accentue la solitude. Tous ceux qu’il a lui-même fabriqués et qui lui ont tant mangé dans la main détournent aujourd’hui le regard. Et la presse qui se couchait devant lui hier a tous ses dards dehors.
On vit d’autres temps. La Marseillaise fut sifflée lors du match France-Maroc. Pas beaucoup. Un chouia. Juste ce qu’il faut. La rencontre, il est vrai, était attendue au tournant. Elle était placée tacitement sous le signe du précédent match France-Algérie d’octobre 2001. Certes, cette fois-ci le terrain n’a pas été envahi. Et le match n’a pas été arrêté. La prestation des deux équipes était, qui plus est, de bonne facture. Est-ce suffisant pour expliquer l’absence de récupération politique, de cohue et d’emballement médiatique. Il ne vous a pas échappé qu’on n’est plus à la vieille d’une présidentielle dominée par le thème de l’insécurité dont l’odieux responsable est le jeune immigré, musulman, issu des quartiers. La récupération politique n’est ni une affaire de principe ni une affaire de proportion, c’est une affaire de circonstances. Pour la presse aussi.
On vit d’autres temps. Vous ne connaissez peut-être pas Mohamed Abdi. Français d’origine marocaine, il est le conseiller spécial de Fadela Amara, la chargée de la Politique de la ville. Il est également et toujours le secrétaire général de l’association «Ni putes ni soumises». Tout cela parce qu’il est en réalité le compagnon de vie de la Fadela. Il vient d’être condamné à 18 mois de prison avec 12 en sursis. Ce n’est pas beau ça! Après Dati et ses frères, voilà du Amara et son compagnon. Les ministres issus de l’immigration ne devraient plus se contenter de donner leurs seuls curriculum vitae, parfois approximatifs. Ils devraient fournir aussi ceux de leurs entourages pour qu’on soit à l’abri des surprises. Abdi n’est un bandit des grands chemins. Il est juste accusé d’escroquerie pour avoir eu recours à de fausses attestations de formation lorsqu’il s’occupait des ressources humaines d’une société de gardiennage du Puy-de-Dôme, patelin d’origine de la Fadela. Plus cruel, dans ce type d’entreprise, on embauche beaucoup de jeunes des quartiers. Dire que ces gens-là ont comme mission, aujourd’hui, de ramener les jeunes dans le droit chemin. Là aussi, la presse française fait preuve d’une timidité inédite.
Décidément, on vit le temps où la presse française est à genoux devant le grand timonier Sarko-Zedong.

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