L’homme, économe de son image une décennie durant, est devenu, depuis sa démission de son poste clé, frappé d’une forme d’ubiquité médiatique. Il est partout. Son activisme énergique fait le malheur des partis certes. Il n’en fait pas moins le bonheur d’une certaine presse qui joue, avec son image, le «je t’aime, moi non plus».
Or, on aurait tort de penser que, depuis le 8 août 2007, on a eu affaire à un seul Fouad, immuable et constant. Au gré des circonstances, l’homme a ajusté son tempérament aux conjonctures et ses postions aux situations. J’identifie au minimum quatre étapes qui ont précipité le chambardement du champ politique actuel. A chacune de ces haltes, les observateurs et éditorialistes, souvent les mêmes, ont joué l’oracle dilettante en lieu et place de l’analyse raisonnée. Ils se sont souvent trompés. Comme au Maroc les mea culpa sont rares, faisons un rappel pour les mémoires courtes.
La démission de Fouad, rappelons-le, fut accueillie comme une secousse, certes. Mais aussi comme le produit d’un stratagème luciférien, concocté dans les allées feutrées du Palais, pour préparer un Premier ministre au lendemain des législatives 2007. C’était faire fi de l’engagement royal d’appeler aux responsabilités quelqu’un issu de la formation victorieuse dans les urnes. L’autre version appuyait la thèse d’un éloignement du Palais résultant d’une sanction. Deux versions erronées.
Il y a le Fouad des Rhamna. Sa victoire, sans appel, est un succès personnel. Elle restait, néanmoins, maculée par l’aura royal qui lui servait, selon ses contempteurs, de puissant adjuvant. Là va apparaitre le sobriquet « ami du roi » destiné à amoindrir l’engagement du bonhomme.
Il y a le Fouad du MTD. C’est un homme qui doute. Il est comme face à un peuple défiant. Les législatives de 2007 ont planté l’incertitude dans le cœur et dans les esprits. Les Marocains n’étaient pas au rendez-vous des urnes. Armé des recommandations de l’IER et du rapport du cinquantenaire, c’est un homme qui consulte beaucoup et parle peu. Il s’entoure de gens d’horizons divers comme pour allonger le champ de vision. On va s’esclaffer de son assemblage de bric et de broc et sa «démocratie participative».
Et il y a, enfin, les deux Fouad du PAM. Celui d’avant les partielles de 2008 qui, tenté par le jeu honnête du renouvellement des pratiques politiques, va subir un échec relatif. Et celui d’aujourd’hui qui milite dans parti actif conçu pour gagner. On lui reproche alors d’être le réceptacle du nomadisme. C’est plutôt sur le manque de sédentarité idéologique des partis que fuient les édiles qu’il faut s’interroger.