Les élections partielles du dernier week-end étaient attendues au tournant. Elles devaient éclairer et apporter des enseignements sur au moins trois choses: la place du PAM comme nouvel acteur du paysage politique marocain. Le sort des invalidés. Enfin, un aperçu sur la mobilisation des électeurs, si tant est qu’une partielle soit significative. Le débat sur la défection 2007, rappelons-le, fut analysé, décortiqué et qualifié de Neqba politique. Il est vrai, on est dans un pays où l’on goûte l’obésité des mots et où le sens de l’exagération est sans limites.
Avec le résultat, on est, à peu de choses près, dans la case départ. La quasi-totalité des invalidés est de retour. Plus que de ne valider l’ancrage de ces élus, cela confirme la stabilité de leur pactole électoral. La figure grossièrement caricaturale reste celle du vainqueur de Marrakech. Indéboulonnable, il est quasi-propriétaire de son socle d’électeurs. Conseil constitutionnel ou pas, ce type d’élus règne sur des légions de voix qui ne leur font défaut sous aucun prétexte. L’abstention, et c’est une règle universelle, favorise celui qui a le plus la capacité de mobilisation, peu importe les moyens : clientélisme, tribalisme, corruption, achats des voix…. De fait, ce ne sont pas les partis qui font l’élite politique. C’est la notabilité locale, quelle que soit sa moralité, qui fait les partis politiques.
Les élites et les gens aisés donnent le sentiment d’avoir la tête ailleurs que dans la chose politique. L’abstention, et cela se confirme de plus en plus, est devenue une affaire de classe moyenne et supérieure. Ce sont celles qui se mobilisent le moins. Du coup, ce sont les plus nécessiteux, réservoir ô combien immense, qui font une élection. Ils constituent la proie facile de tous ceux qui ne se préoccupent nullement d’éclairer les consciences sachant qu’ils sont capables, vu que le scrupule ne les étouffe pas, de les acheter. Ouvertement et pour pas cher. Je trouve, sur ce point, dramatiques certaines analyses qui justifient cette forme de délinquance électorale par la défaillance de l’Etat et des services publiques qualifiant ces voyous de la démocratie comme les Robin des bois philanthropes, serviables et généreux des quartiers populaires. Vu sous cet angle, la neutralité de l’administration, revendication historique, bien que bonne et presque confirmée ne devrait pas aller jusqu’à devenir le laisser-faire. L’Etat a le devoir de veiller aux règles du jeu et sur les bonnes pratiques. Sans quoi, on va cultiver la démocratie sauvage qui partage avec le libéralisme sauvage de favoriser toujours les plus forts et surtout ceux qui ne respectent pas les règles.
Reste le résultat du PAM. Ce n’est pas Rhmna II. C’est juste Safi, Mohammédia et Marrakech. Le PAM n’est pas Fouad, même si dans le PAM, il y a beaucoup du Fouad. Ce n’est que l’échec de tous ceux qui pariaient sur les razzias, si ce n’est le hold-up, que Fouad et ses amis, aura royale aidant, allaient commettre. C’est oublier que l’urne a ses caprices et que la politique n’est pas un long fleuve tranquille. Ne l’ont pas compris que ceux qui, hier, vociféraient contre «l’ami du Roi» et qui, aujourd’hui, se gaussent des résultats….ce sont les mêmes d’ailleurs.