Entre la polygame enturbanné et fraudeur des allocations familiales de Nantes et le bricoleur des bombes d’origine pakistanaise de Times Square, il n’y a, pour moi, pas une différence de nature. A peine des nuances de degrés. Les extrêmes se nourrissant les uns des autres, il y a aujourd’hui, et d’évidence, une alliance objective entre tous ceux qui exècrent l’Islam et ceux qui veulent en être les vaillants avocats, bombe à l’appui ou discours explosif en bandoulière. Pour preuve, il suffit de regarder la carte des pays où la réapparition des extrêmes droites est vivace. C’est une carte qui ne cesse de s’agrandir. Le Français d’origine algérienne, Lies Habbadj (drôle de nom) et Faïçal Shahzad, Américain d’origine pakistanaise et fils d’un haut dignitaire, marinent dans le même fond de sauce idéologique. Et c’est drôle qu’ils soient presque du même âge. Qu’ils soient tous deux récemment naturalisés, l’un en France et l’autre aux Etats-Unis. Qu’ils vivent tous deux des situations sociales convenables, l’un commerçant prospère et l’autre analyste financier. La seule différence, c’est que l’un, le Nantais, est un tantinet ostentatoire alors que l’autre, jusqu’à son forfait, était discret. A eux deux, ils incarnent les deux figures, l’apprenti idéologue et l’apprenti terroriste, qui perturbent, voire ébranlent l’Occident. En faisant, ils hypothèquent, en partie, l’avenir de millions de musulmans qui vivent en Europe ou aux Amériques. Ils participent ainsi à ralentir besogneusement les chances d’une intégration sereine de l’Islam dans les démocraties les plus affirmées. L’échec de l’attentat de Times Square est un soulagement qui porte en lui des enseignements précieux. D’évidence, l’arme du crime est devenue la preuve contre son auteur. En pensant que la voiture allait exploser et donc disparaître dans les flammes, l’apprenti terroriste a laissé trop d’indices dignes des amateurs. Les services américains l’ont très vite intercepté dans sa fuite vers le Pakistan où il avait pris le soin de mettre ses deux enfants et sa femme à l’abri. Son profil, non seulement désoriente, mais confirme la théorie que cette armée de l’ombre que sont les terroristes n’est pas nécessairement recrutée dans le terreau des miséreux. Cela complique davantage la tâche des services de sécurité et rend le risque zéro impossible en matière de terrorisme. Mais pour les opinions, et c’est là que réside le danger, le cercle qui voit dans chaque musulman un suspect potentiel s’élargit de plus en plus.