Le rapport remis au président américain et au Congrès, par les dix membres d’une commission, dont deux anciens secrétaires d’Etat, n’est pas l’expression d’un constat d’échec. Il est tout bonnement un camouflet et tout simplement un affront pour l’Administration Bush. Après la bérézina électorale du dernier scrutin, ce rapport peut se lire comme le second acte de décès qui achève, de manière magistrale, la période où prédominaient les faucons. Il sonne comme la fin de la tutelle des docteurs Folamour. Il est temps de ranger l’arsenal idéologique des néo-cons, des faucons et des faux-culs.
Dans des exhortations impensables, il y a un an, le rapport de la commission, cinq démocrates et cinq républicains, se lit comme un salvateur bon sens retrouvé. Circonstance aggravante, les conclusions de ce rapport ont été adoptées à l’unanimité.
Il exhorte l’Administration américaine d’entamer un début de retrait de ses forces et d’engager une ouverture diplomatique en direction de la Syrie et de l’Iran pour tenter de sortir de la crise. Les Satans d’hier retrouvent, comme par magie, le plumage des anges. Plus que cela. Dans une approche globale de la problématique régionale, le rapport incite à la relance du processus de paix entre Israël et ses voisins, en estimant que Washington ne pourra pas à atteindre ses objectifs au Proche-Orient sans une forte implication dans la résolution de ce dossier.
Il est à noter que les rédacteurs du rapport soulignent l’urgence du changement de la stratégie de l’Administration américaine. Ils prônent, pour faire, l’impérieuse nécessité d’entamer cette nouvelle offensive diplomatique «avant le 31 décembre 2006».
D’ailleurs, Robert Gates, patron du Pentagone, a presque involontairement accentué la validité du rapport en estimant, en un mot comme en trois, que son pays a comme perdu la guerre.
Quel rictus du destin. En moins de quatre ans, on aura assisté à la démonstration que la volonté d’un peuple, indigent et désarmé, peut être plus puissante que la détermination belliqueuse de la plus militarisée et de la plus sophistiquée des nations.
Cette démonstration nous a valu d’assister quotidiennement aux pires horreurs là où les faucons avaient crayonné, sur le papier, le grand dessein d’apporter la démocratie et la liberté au « Grand Moyen-Orient ». Comment peut-on qualifier le revers d’un rêve halluciné si ce n’est de cauchemar. La région a non seulement sombré dans le chaos le plus barbare mais les boys, mutilés par la peur et l’effroi, le subissent, au quotidien, ce cauchemar insoutenable.
Plus de trois ans et demi après l’invasion de mars 2003 et le renversement de Saddam Hussein, les Américains sont dans une impasse inextricable et un bourbier sans nom. Ils assistent impuissants à une violence démentielle où l’insurrection est devenue un mode opératoire et où les violences contre eux, mais aussi entre chiites et sunnites, explorent des dimensions démentielles et inédites.
Les Forces américaines en sont déjà à 2.900 boys tués. On a jugé Saddam. Qui demain jugera Bush, Rumsfeld, Perle, Bolton et Wolfowitz ?