Chroniques

Label marocanité : Lettre ouverte

Je vous le dis franchement ! Je ne ressens chez vous ni la ferveur pour la ville ni la passion pour l’intérêt général.
J’ai la faiblesse de penser que c’est notre droit et votre devoir que de nous dire la ville qui obsède vos rêves. Nous serions heureux de connaître votre vision pour le mandat que vous sollicitez. Il est temps de converser avec nous de vos projets et priorités! Et le pluriel ici s’impose. Les besoins d’Oujda ne sont pas ceux de Marrakech, ni ceux d’Agadir avec ceux d’Ouazzane.
Faîtes-nous donc rêver, en déclinant, avec des voix de stentors, les ambitions enfiévrées que vous portez pour nous. Exprimez voôtre désir de faire battre le cœur de nos villes. Nous aimerions vous entendre dire en quoi vous serez le pépiniériste besogneux et ponctuel de nos jardins calcinés pour que les enfants puissent courir avec insouciance, sur de l’herbe grasse parée de Lys, de coquelicots et de Lilas. Déclamez-nous votre parti pris pour la beauté, la culture et le social surtout dans toutes ces léproseries urbaines qui sont nos quartiers. Faîtes-nous quelques promesses, même vaporeuses. Engagez-vous, par exemple, à ce que nos artères soient toujours illuminées tant le geste est simple que de remplacer, à chaque fois, les ampoules défectueuses des lampadaires. Vous envisagez de mener un combat pour que les détritus qui empestent nos ruelles soient ramassés tôt et à temps? Dîtes-le alors. Si vous êtes plus audacieux, racontez-nous votre volonté d’agir pour des transports en commun dignes, pour que des services publics, dont vous aurez la responsabilité, soient plus respectueux des citoyens. Et si vous en êtes plus capable, osez révéler le bâtisseur qui sommeille en vous. Racontez-nous votre aspiration pour la recomposition urbaine. Votre militance pour que le patrimoine historique cesse de s’effondrer par délaissement coupable. A moins que vous n’ayez à nous montrer que le modeste dessin du square que vous projetez de construire. Nous sommes preneurs.
Mais de grâce, Ne nous parlez pas durant ces communales des réformes constitutionnelles. Il y a d’autres haltes démocratiques pour cela. Ne soulevez la part d’ombre de notre passé en instrumentalisant l’histoire et les morts. On ne tripatouille pas une société comme un garagiste tripote un moteur. Ces confusions n’honorent pas la politique. Le débat électoral qui devient un fourre-tout de responsabilités œuvre judicieusement pour la dilution des responsabilités elles-mêmes. Les partis politiques qui ne sont pas capables de pédagogie et de production de sens, rendraient un plus grand service à ce pays en se taisant.

Bien à vous.

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