Chroniques

Label marocanité : Peur dans la ville

Des jeunes, mineurs pour la plupart, qui s’attaquent à un train, voilà qui ne manque pas de culot et de sel. Les incidents se sont produits, en France, dans un train entre Nice et Lyon. Ce qui pourrait ressembler à un film de série B intitulé «Attaque du TER 17430» s’est déroulé le matin du dimanche premier janvier 2006.
Selon des informations chicanières, «une vingtaine» ou une «centaine de jeunes» mineurs ont violenté et rançonné, durant des heures, les passagers d’un train entre deux gares du sud de la France. Une jeune fille aurait également été victime de violences sexuelles. D’autres sources ne parlent, elles, que de trois ou quatre jeunes qui, durant une demi-heure et entre deux gares, ont terrorisé des voyageurs claustrés dans l’effroi.
Peu importe, dans une France à qui on promet, depuis 4 ans, qu’on va régler définitivement les problèmes d’insécurité et de karcheriser la racaille, une agression collective d’un train digne des attaques des diligences du Far West, cela fait mauvais genre.
L’info, filtrée tardivement, va prendre une importance toute singulière et un écho colossal quand le Président de la République, Jacques Chirac va, lui-même, s’en offusquer en estimant que ces violences étaient "totalement inacceptables". Il n’hésitera pas, en ces temps de vœux où il a tous les micros à disposition,  à interpeller les forces de l’ordre et la SNCF pour qu’ils garantissent mieux la sécurité des voyageurs. Solidarité avec les victimes ou caillasse dans le jardin de Sarkozy ?
Pauvre Sarkozy, il va finir par perdre tous ses cheveux à force de se les arracher avec tous ces jeunes qui, quand ils ne sont pas pyromanes, veulent jouer les Dalton et les Billy le Kid méridionaux. Attaquer un train, quelle idée ! Mais le faire en pleine période d’état d’urgence, « ça fait un peu tache"fait remarquer un magistrat.
L’opposition a déploré «le silence assourdissant» autour de cette affaire et a dénoncé de tels actes qui ne font que confirmer la thèse selon laquelle la France vit, malgré les dénégations du ministre de l’Intérieur, une «insécurité inquiétante". François Hollande a interpellé le gouvernement en lui demandant de "fournir le plus tôt possible sa version du déroulement précis des faits et responsabilités". En faisant, il dénonce, par voie de conséquence, le manque de transparence et l’escamotage de l’information.
Ce fait divers supplémentaire certifie la banalisation insupportable de l’agressivité et de la délinquance dans la société française. Mais l’incident certifie tout autant l’usage politicien fait de l’insécurité, instrument politique de peur. C’est une arme que n’hésitent- plus à exploiter tous les politiques et de tous bords. La petite délinquance est inquiétante; mais son exploitation politicienne l’est tout autant. Dans la spirale, on le constate tous les jours, les voyous, eux, s’en foutent. Ils font ce qu’ils ont à faire. Mais les politiques qui veulent trop jouer les sherifs finissent par se prendre des attaques de diligence dans la tronche.

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