Chroniques

Label marocanité : Psychanalyse collective

© D.R

Ainsi donc, la parole est libérée. Les mots giclent comme autant de lanternes qui éclairent furtivement un épais monceau d’ombre. Des mots qui retirent lentement le drap froissé de l’Histoire comme pour éveiller le salut. Ils s’échappent, ces mots, de la profondeur d’une gorge nouée. Ils veulent dévêtir le secret. Donner un habit au silence pour mieux dévoiler ses formes, ses contours. Lacérer la nébulosité de l’Histoire par de petites torches qui scintillent dans la brume dense. Rompre les digues de l’impénétrable ténèbre, du sombre soir. Les mots ne retiennent plus la nuit. Ils excitent l’aurore. Les mots, oui les mots comme leviers pour soulever une conscience enfin lâchée, enfin relâchée afin d’apaiser des âmes inconsolables.
Ainsi donc, la paupière se soulève. Elle dévoile le regard rétrospectif. Celui qui voyage dans un monde sombre, noir, truqué et paranoïaque. Celui qui revient sur le passé comme pour engager une lutte sans merci pour le présent, pour le futur. Celui qui édifie l’immense glace qui reflétera nos défectuosités.
D’aucuns auraient voulu que l’on brisa le miroir. Mais les autres ont tenu bon. Ils se sont engagés, avec courage, dans la réconciliation du Maroc avec la plus obscure partie de son Histoire. Ils ont décidé de se regarder dans le miroir, de permettre aux autres, en particulier les jeunes, de regarder notre miroir. Et de ce miroir, ils en ont fait une vitrine dans laquelle on nous examine. Car le monde nous scrute.
Ainsi donc, la vérité se livre. Elle se rend. Elle devient elle-même captive. Elle se présente à l’audience dans son habit le plus réaliste. Elle abandonne, le temps d’une audition, ses attributs idéalistes. Elle dit la blessure. Elle expose l’affliction. Elle raconte la généalogie de l’abus. Elle divulgue les astuces de la férocité. Elle portraiture les pourtours de la brutalité dégoûtante, suintante, imbibée de haine et de haleine putride.
Ainsi donc, n’assistons-nous pas à une drôle d’inversion ? Les victimes de l’Etat (qui par tous ses moyens menait un combat contre la société) parlent aujourd’hui à Rabat. Un des chefs d’orchestre de la répression d’hier s’épanche, lui, à Paris, à El Watan, Al Jazeera. Dans la bourse de la parole, quels sont les mots dont la valeur est la plus cotée ? La plus stable ? La plus pérenne ? Qui est vraiment patriote et qui ne l’est pas ? N’assistons nous pas à un démantèlement du sens. La rivière du bon sens ne retrouves-t-elle pas ses berges ?
Ainsi donc, ne faudra-t-il pas rendre hommage à Sa Majesté d’avoir permis que les vannes soient ouvertes. Ne faudra-t-il pas saluer tous ces exorciseurs qui ont refusé de faire l’impasse sur nos années de braise. Par déférence, je n’en nommerai aucun de peur d’en oublier. Mais ils se reconnaîtront dans le sibyllin des ces lignes. Et je suis fier de les avoir comme amis.

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